LMM29 – Un Monde Parfait 3ème partie

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Les pyramides de Gustavia, Saint-Barh, 1987

Grelottant de tout mon être, tétanisé par une vive sensation de froid, je devais de surcroit faire attention à ma respiration passée en mode manuel. J’inspirais et expirais difficilement, comme si mes poumons n’arrivaient plus à le faire automatiquement. J’avais beau m’emplir d’air en gonflant mon poitrail du mieux que je pouvais, l’échange oxygène gaz carbonique ne se faisait pas correctement. On aurait dit que mes poumons étaient remplis d’eau. Que m’arrivait-il ? J’entendais mon cœur battre la chamade dans mes tempes. J’étais à bout de forces. Au bout d’un moment indéfinissable, la fatigue prenait le dessus. Je replongeais dans le rêve qui ces derniers jours ressurgissait à l’instant même où je fermais les yeux.

– 

Punaise ! Tu peux me dire ce qu’on fait là ? C’est vachement haut, j’ai le vertige !
– Tu avais besoin de prendre de la hauteur.
– Oui mais, pas en équilibre au sommet de l’antenne des télécom du morne Lurin !
– Contrôle ta peur et n’oublie pas que tu rêves, que veux-tu qu’il t’arrive ?
– C’est moi ou ça caille ici, j’ai les os gelés. Ouh là ! L’antenne bouge, on va tomber !
– Elle ne bouge pas. C’est une illusion. Ferme les yeux maintenant, fais-moi confiance. Laisse-toi bercer par la suggestion du sommeil. Oriente ton visage face au soleil. Tu dors, tout simplement. Tu dois ralentir tes ondes cérébrales, oriente-les vers l’onde delta du sommeil profond. Dis-toi que le soleil a cette faculté de pouvoir te réchauffer de l’intérieur. Tu dois faire comme si ses rayons avaient la faculté de te traverser, tu dois t’accorder à eux comme s’ils pouvaient déposer l’énergie dont tu as besoin, tu y es ? Dors ! Je te l’ordonne.
– Ça serait tellement bien.
– Arrête de penser. Fait le vide dans ta tête. Concentre-toi maintenant.

– Je me centre, con !
– La sensation que tu éprouves n’existe pas. Rappelle-toi, il fait chaud aux Antilles.
– Ha bon ! Tu es en sûre ?
– Chutttt, silence idiot ! Écoute-moi. L’astre solaire me fait face, je suis apaisé, répète.
– Je t’écoute. Je suis apaisé. L’astre me fait voir ses fesses.
– Une chaleur bienveillante m’enveloppe, je me sens bien, répète.
– Je me sens bien dans cette enveloppe de chaleur bienveillante.
– Je ressens graduellement la température monter en moi, répète.
– Je ressens une chaleur plaisante se répandre en moi.
– Les rayons solaires réchauffent chacune de mes cellules des pieds à la tête. Répète.
– Les rayons du soleil me réchauffent la tête, c’est le pied.
– Je suis à l’aise sur cette antenne comme sur mon canapé ! C’est agréable. Répète.
– J’aime trop cette antenne, elle est vraiment confortable, je vais en commander une !
– Tu as tellement chaud, que tu transpires par chacune des pores de ta peau. Répète !
– Je suis soleil. Je rayonne d’énergie universelle.
– Être sur cette antenne est aussi naturel que marcher en toute tranquillité.
– Ah oui ! J’irais bien faire un tour du coté de chez Swan. Tu n’as pas dit répète !
– Alors ?
– Alors ! Il fait trop chaud pour le coup !
– Ouvre les yeux. Réveille-toi, maintenant. Clac-clac-clac ! entendais-je ses doigts claquer.
– C’est dingue, visualiser la chaleur à complètement impacté mon ressenti.
– Tu es très réceptif, mais toujours aussi dissipé et fantaisiste face à l’autorité. Je suis contente que tu sois revenu, tu m’aurais déçu si tu avais fui.
– Nous n’avions pas terminé notre conversation m’an. Je n’aime pas les conflits tu le sais, mais aller jusqu’au bout m’est nécessaire pour éclaircir les situations conflictuelles. Sinon je me torture l’esprit en restant sur ma faim à force de me poser des questions en boucle. Tu as vu ça m’an ? On peut voir Saint-Martin avec une netteté incroyable. Jamais je n’ai pu l’observer avec autant de détails !

La Presqu’île, Gustavia, Saint-Barth, 1987

On voit tout d’ici, même les routes qui serpentent sur les mornes, c’est dingue ! Je comprends pourquoi les rapaces se perchent aussi haut. Regarde Saba, ce ne serait pas un Winward en descente sur Flat Point sur la seconde piste d’atterrissage la plus courte au monde ? Regarde là, pointais-je du doigt, je parie que c’est un Twin-Otter Air-Guadeloupe au Sud de Grand-Fond qui ne va pas tarder à amorcer sa descente ! Et cet énorme bateau avec tous ces tuyaux qui vient sur nous, est-ce que c’est un pétrolier qui arrive de Trinidad & Tobago ou du Venezuela avec un carburant à moins de cinq centimes le litre d’essence ? Tu as vu la taille monstrueuse de ce porte container bleu amarré au quai de Public ? Hé, regarde là ! Ce ne serait pas un Air Saint-Barth avec son gros ventre en train de décoller de l’aéroport de Saint-Jean ? Où va t-il ? C’est fou tout ce trafic maritime et aérien. On a pas vraiment conscience de cet intense business quand on est sur le plancher des vaches. Tu as vu toutes ces îles autour de nous ? Je les vois pour la première fois, c’est à se demander si elles étaient là hier !
– Je les vois aussi. Tiens, voyons si tu connais ta géographie locale.
– A part Saint-Martin et Saba que j’ai visité en partie, je peux rajouter Tintamarre au Nord-Est de Saint-Martin que je n’arrive pas à situer tant elle est au raz de l’eau ! J’y suis allé avec Rémy De Haenen photographier un crash d’avion de contrebandier dont il connaissait nombre de détails croquignolesques sur le pilote. Je suis aussi allé sur l’îlet aux oiseaux au Nord, à bord de la saintoise Tarzan avec Yvon le frère de Claude pour faire des photos des différentes espèces de volatiles, mais je ne me souviens plus du nom de ce rocher où il n’y a même pas un arbuste. Pour les autres îles, je donne ma langue au chat.
– Vas-y ! Donne ta langue au chat.

– Heuuu, c’est-à-dire que j’en ai encore besoin pour dire des bêtises.
– Alors dit simplement que tu ne sais pas. C’est moins périlleux pour cet organe essentiel.

– Je ne sais pas. Chef !
– Au Nord… tu sais où est le Nord au moins ? Derrière Saint-Martin. On peut voir une partie d’Anguilla dont l’altitude ne dépasse pas les soixante-cinq mètres et doit son nom à sa forme allongée qui ressemble à une anguille. Au Sud, l’île de Saint-Eustache. Sur sa gauche, les îles de Saint-Kitts & Nevis, encore à gauche le volcan capricieux de Montserrat qui culmine à 915 mètres. Toujours à sa gauche Antigua et pour finir au Sud-Est Barbuda, qui font partie toutes les deux du Commonwealth.
– C’est incroyable quand même, tu l’aurais fait dans l’autre sens, j’aurais entendu au Sud-Est, puis à droite, à droite et enfin à sa droite. Tu n’aurais pas deux bras gauche ?
– Tu devrais t’intéresser à la marine de guerre au lieu de faire sans cesse ton intéressant. L’empire Britannique n’est qu’une suite de conquêtes par la mer. Tu veux que je t’explique ce qu’est le Commonwealth ?
– Volontiers, je t’en remercie d’avance.
– Tu n’as plus froid maintenant ?
– Figure-toi que je rôtis délicieusement.
– Tant mieux, j’en suis fort aise.
– Regarde m’an, je tiens l’équilibre sans m’aider des mains !
– La Reine Elizabeth II que les Français appellent « Reine d’Angleterre » n’est pas seulement la Reine d’Angleterre, continuait-elle sans se laisser distraire par mes figures acrobatiques. Son titre officiel est « Reine du Royaume-Uni de Grande Bretagne, d’Irlande du Nord et de ses autres royaumes ». Le Drapeau anglais n’est qu’un cumul superposé des pays du royaume uni. La Reine règne sur les « royaumes du Commonwealth » tous acquis par la force et la redondance de leurs tueries. L’empire britannique n’est qu’une longue histoire de souffrances, d’humiliations, de divisions, de meurtres, de rapines, d’esclavage et de chaos. Nul monarque ne s’en est jamais excusé. D’ailleurs, s’excuser à qui ? La famille royale est en charge d’une mission divine. La reine d’Angleterre, monarque sacrée, coiffée de la couronne de Saint Édouard est impératrice en son royaume et ne tient sa couronne que de Dieu et non du peuple ! Les quatre fleurs de lys présentes sur la couronne de Saint-Edouard sont le symbole de la soumission du Souverain à l’autorité divine, justifiant ainsi son règne et son pouvoir de droit divin.
– C’est dingue que l’on puisse s’approprier un pays juste parce qu’on est le plus fort !

Voilier de plaisance battant pavillon Red Ensign.

– Ce n’est pas qu’une question de force militaire, c’est avant tout la volonté de créer un empire sur le monde symbolisé par un globe sur la même couronne. Jean Rostand a dit :

« On tue un homme, on est un assassin. On tue des millions d’hommes, on est un conquérant. On les tue tous, on est un Dieu ».

– J’ai déjà entendu cette citation. Jean Rostand est communiste lui aussi ?
– Je ne te le fait pas dire. Franc-Tireur et Partisan Français, militant communiste, écrivain, moraliste, biologiste où il s’est efforcé de vulgariser la biologie pour la mettre à la portée de tous. Il était aussi historien des sciences et académicien français.
– Une paille, tu parles d’une pointure ! Comment peut-on pratiquer toutes ces disciplines en même temps ? Tu ne connais que des sur-hommes !
– Ce n’est pas tout, il a été également Président d’honneur du Mouvement Contre l’Armement Atomique, et il créa avec Simone de Beauvoir et Christiane Rochefort le mouvement féministe Choisir la Cause des Femmes. Agnostique, libre penseur, président d’honneur de la Libre-Pensée, il décède en 77 en nous laissant cette citation :

« La science a fait de nous des dieux avant même que nous méritions d’être des hommes. »

– Je reprends où on en était. Grâce à la supériorité numérique et à la discipline de la marine anglaise, la Reine descendante d’égocentriques-mégalomanes est aujourd’hui à la tête du Royaume-Uni qui se compose du Pays de Galles, de l’Écosse et de l’Irlande du Nord. S’en suit le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Jamaïque, Barbade, les Bahamas, Grenade, les Îles Salomon, les Tuvalu, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Belize, Antigua-et-Barbuda, Saint-Christophe-et-Niévès. Je passe les îles qu’ils n’ont pu prendre aux Français qui sont arrivés tant bien que mal à tirer leur épingle du jeu malgré les attaques successives des navires anglais. 

Ça a été le cas pour la Martinique avec la bataille de 1779 qui s’est déroulée au large de Fort Louis qui avait déjà été conquis par deux fois par la marine anglaise en le rebaptisant Fort Edward. L’histoire dit que treize navires de guerre et une frégate anglaise attaquèrent un convoi français de vingt-six navires marchand dans le canal de Sainte-Lucie. Averti par des signaux de la côte, le chef d’escadre Toussaint Guillaume Picquet de La Motte s’y rend sans attendre avec le Hannibal, un vaisseau de soixante seize canons qu’il maitrise parfaitement, alors que le Vengeur et le Réfléchi en cours de réfection chargent des munitions.
– Ça ne devrait rien me faire, pourtant je bondis à l’intérieur. Qu’est-ce que ça veut dire ?
– Il y a des personnes insignifiantes dans la vie de tous les jours qui se révèlent complètement lors d’une entrée en guerre et finissent par devenir des héros qui marqueront l’histoire.

– Je ne me sens pas l’étoffe d’un héros. Il n’y a pas une chanson de Balavoine qui dit ça ?
– Reste concentré, arrête de papillonner ! Il y a cinq minutes tu mourrais de trouille et maintenant tu fais l’équilibriste sur un pied. Je peux y aller ?

 Toussaint Guillaume Picquet de La Motte n’est pas n’importe quel personnage de l’histoire de France. En 1746, à bord de la Renommée, après avoir livré cette même année deux batailles aux Anglais, ennemi qu’il a longuement observé, le vaisseau qui croise dans le golfe de Gascogne tombe sur l’escadre de l’amiral Anson qui venait d’échouer à la prise de la ville de Lorient. Dans ce combat sans merci ou le commandant Guy François de Kersaint est grièvement blessé, il prend le commandement de la Renommée et parvint à rentrer à Port Louis dans le Morbihan alors qu’il a été touché au visage par un boulet de canon qui lui arracha la joue et lui coupa son chapeau au ras de la tête. Tu imagines le courage de ce personnage ?
– J’en ai des frissons !
– Revenons en 1779. Sans attendre une seconde, il faisait hisser les voiles de l’Hannibal, se portant seul à la rencontre des Anglais et attaquait la tête de l’escadre ennemie à quatorze contre un. Quel humain est assez téméraire pour aller au devant d’un tel affrontement ? Après deux heures de combat et de manœuvres navales admirables dont les Français ont le secret, le Vengeur et le Réfléchi viennent au secours de l’Hannibal qui s’est battu seul contre le HMS Conqueror et le HMS Élizabeth. Durant les quatre heures suivantes, les trois vaisseaux français soutiennent le feu de dix vaisseaux anglais, dont sept auraient tiré de concert sur l’Hannibal pendant que les autres assaillaient les navires marchands. 
La nuit tombant, les trois navires français commandés par Toussaint Guillaume Picquet de La Motte auront réussi à contenir la supériorité de feu de la marine anglaise grâce à leur talent manœuvrier, sauvant ainsi le plus gros du convoi qui enregistre neuf prises par l’ennemi et quatre navires brûlés. 
Toussaint Guillaume Picquet de La Motte rentrera à Port Louis en Martinique avec ses trois frégates et les treize navires marchand restés à flot. Il est mentionné dans les écrits qu’impressionné, l’amiral Hyde Parker enverra un message de félicitations à ce chef d’escadre d’exception pour cette bataille épique où les Anglais ont eu à déplorer la perte du capitaine du HMS Conqueror, de cinq officiers et environ deux cents hommes.
 Le message disait :

« La conduite de Votre Excellence dans l’affaire du 18 de ce mois justifie pleinement la réputation dont vous jouissez parmi nous, et je vous assure que je n’ai pas été témoin sans envie de l’habileté que vous avez montré à cette occasion. Notre inimitié est passagère et dépens de nos maîtres, mais votre mérite a gravé sur mon cœur la plus grande admiration à votre égard. Je prendrai toujours le plus grand soin pour que vos parlementaires et vos prisonniers soient bien traités, et je saisirai avec plaisir toutes les occasions qui pourront se présenter pour vous donner des preuves de la considération et de l’estime avec lesquels je suis de Votre Excellence. »

– Waouh, quel fair-play ! On a vraiment changé d’époque. Que veut dire HMS ?
– HMS signifie Her ou His Majesty’s Ship, selon le sexe du monarque régnant sur l’empire qu’il a hérité par sang royal. Leçon d’histoire-géo terminée.

– You-hou ! Du haut de ce mat de fer, j’avertirai Saint-Barth du danger ! Je suis la vigie du vaisseau l’Insubmersible, le plus grand navire de la flotte française jamais construit !
– Les hommes ne sont que des grands enfants. Ces récits ne devraient pas t’exalter.

– Ce qui m’enflamme, c’est la facilité avec laquelle tu racontes l’histoire des Antilles françaises comme on ne me l’a jamais raconté. J’en veux encore. Cap au Sud !
– La moitié de ce que j’ai appris, je l’ai lu dans les même livres d’école que toi.
– C’est bon, tu ne vas pas me le reprocher éternellement ! J’ai eu cette trame de fond incapacitante qui m’a chiffonné l’esprit durant toute ma scolarité.
– Tu peux le dire. C’est tellement gros que personne ne s’est rendu compte de rien.
– J’ai du mal à m’exprimer tant mon champ de vision est bridé par des œillères de méconnaissance. C’est comme si on avait monté un pare-soleil de téléobjectif sur ma vision grand-angle pour m’empêcher de voir les accotés d’où sont tiré les ficelles.
– On pourrait en disserter des heures, mais tu n’as qu’un paragraphe à retenir :

« L’école ne sert pas qu’à ingurgiter un programme hors nature humaine sur les douze ans de l’enfance ! Grâce à ce laps de temps, elle modélise unilatéralement le comportement individuel en inculquant l’obéissance au plus grand nombre, ayant pour but l’exécution d’ordres par réflexe conditionné, en se pliant sans conteste à l’autorité supérieure. »

– Voilà ! C’est exactement ce que je voulais dire.
– L’école publique a pour mission de créer une main-d’œuvre obéissante et docile.
– C’est de qui ?
– C’est de ta mère ! C’est la quintessence de ce que j’ai lu et retenu sur le sujet.
– Tu es marrante toi, c’est mon rêve !

– Comment pourrais-tu sortir de telles phrases si tu ne les captais pas ?


– Très juste. Tu marques encore un point.
– Faut-il encore avoir l’esprit suffisamment ouvert pour en saisir tout le sens et se rendre compte à quel point nous sommes de petits soldats qui nous surveillons les uns les autres pour qu’aucun de nous ne déroge à la règle.

– Je comprends maintenant ce que veut dire prendre de la hauteur !
– On ne finit jamais d’apprendre. Plus on en sait sur cette mise en scène décrétée par Charlemagne rendant l’école gratuite, puis obligatoire, nous paraissant de prime abord salutaire pour l’égalité des chances, plus on comprend l’habile subterfuge qui nous a ôté nos libertés, prouvant l’efficacité de l’enseignement qui malaxe les esprits à sa guise.

– Diabolique, en effet !
– Ça y est, tu as enclenché le turbo ?

– Ha ha ha ! Elles est très bonne celle-là ! Tu progresses vite, tous mes compliments. J’ai le cerveau lent, qu’est-ce que tu veux, je fais un blocage magnétique permanent.
– C’est normal. La plupart des gens ne sont pas prêt à remettre en question leur vison du monde. Tu subis l’influence contraignante de la pensée dominante. C’est pour cette raison que tu crois faire un blocage. Mets ton front contre l’écorce d’un arbre plusieurs minutes par jour et ces œillères qui t’empêchent de voir la réalité disparaîtront.

– Pas bête ! C’est comme une mise à la terre de l’électricité statique ?
– Appelle ça comme tu veux, ça contribue à effacer progressivement les données résiduelles que tu ne peux atteindre volontairement concernant le rapport à l’autorité que nous avons involontairement emmagasiné.

– Merci pour le tuyau. Je m’en servirai. Enfin, je vais m’en servir dès que je croise un arbre sympa qui veut bien me décharger. Nous en étions où ?
– Le temps de la révolution industrielle, de la guerre économique. 

– Ça ne m’intéresse pas. C’est si important que ça ?
– Ce que les anglo-saxons ne sont pas arrivés à prendre par la force maritime au XVIe et XVIIe siècle, ils se l’approprieront les siècles suivants en endettant les pays ciblés par une série de crises économiques planifiées par le cartel bancaire qui finira par dessaisir les peuples de leur souveraineté économique. Oui, non ? Un cartel bancaire peut conclure une entente illégale pour ne pas se concurrencer en fixant les prix ou en attribuant des marchés, il peut aussi avoir pour objectif de faire monter les prix ou d’éviter qu’ils ne diminuent. C’est plus clair ? Avec nombre de politiciens corruptibles, il sera voté en 1913 aux U.S.A la création de la Réserve Fédérale, une banque supra-nationale supervisée par des banquiers britanniques. Avant ça, les États-Unis contrôlaient entièrement leur propre monnaie en pratiquant le remboursement à taux zéro. Les politiciens du XXe siècle ont eu la mémoire courte. Comment ont-ils pu laisser entrer chez eux une banque britannique, donc privée, qui ne prêtera qu’avec intérêts aux américains, alors qu’en 1750 Benjamin Franklin devant les membres du gouvernement anglais se ventait que l’émission sans intérêt de monnaie papier dans ses treize colonies, permettait de contrôler le pouvoir d’achat sans engendrer de dette publique ? Il aurait même rajouté que, contrairement à la situation britannique, il n’y avait pas en Nouvelle Angleterre un seul chômeur, mendiant ou vagabond.

 Te rends-tu compte du stratagème ? Imaginer reprendre le contrôle des États-Unis d’Amérique alors que les indépendantistes américains avaient bouté l’ennemi britannique hors de chez eux ?

– Les britanniques ont à moitié gagné, le pays est anglophone.
– Tu ne crois pas si bien dire. L’anglais est la langue galactique officielle. Les livres nous enseignent qu’elle serait issue de la langue germanique occidentale qui trouve ses racines dans les tribus du nord-ouest européen. Un pur produit d’importation par les colons scandinaves et par la suite, les Normands ! Enfin vrai ou pas, de par cet héritage génétique et linguistique, les Anglais se sont depuis senti porteur de cette mission d’unification qui a traversé les siècles. Les voilà revenus en 1913 pour prendre le contrôle des États-Unis, non pas par la force pour les rajouter à la liste des pays du Commonwealth qui sont unifiés par la langue et l’unité de mesure, mais en douceur, par stratège économique. Thomas Jefferson ne l’aurait pas permis aux britanniques. Il savait que les institutions bancaires étaient plus dangereuses pour leur libertés qu’une armée debout. Il savait que celui qui contrôle l’argent de la nation contrôle la nation. Visiblement cette notion fondamentale a complètement été occultée par le président Woodrow Wilson dont l’objectif était de promouvoir la démocratie à l’échelle mondiale alors que la première année de son mandat il signait le Fédéral Réserve Act, reléguant le quatre juillet 1776, jour de leur indépendance, à une simple fête nationale qui depuis a perdu tout son sens. Même si les américains ne s’en rendent pas vraiment compte, l’Amérique dépend ni plus ni moins de la couronne d’Angleterre. Ce que l’Amérique fait en menant des guerres incessantes pour pacifier le monde, elle le réalise indirectement pour le compte des Britanniques.

– Créer de l’argent à partir de rien et demander des intérêts, c’est du vol !
– C’est une façon d’enrichir toutes les strates de l’élite au pouvoir, politique y compris.
– D’accord, mais la Reine ne peut pas décider à la place du parlement américain, si ?

– Non tu as raison, elle influe seulement à travers les institutions majeures, elle n’est que la femme la plus riche d’Angleterre.


– Comment est-ce possible ?
– Ceux qui contrôlent l’argent et l’énergie contrôlent le monde. Ce que je veux te faire comprendre est simple. Quand tu hérites d’une immense fortune acquise par les conquêtes, les tueries, le sang et la mort, tu assois ton autorité par le pouvoir de l’argent et la crainte. En faisant partie du cercle très fermé des multi-milliardaires, tu investis principalement dans l’énergie, les minerais et les banques. Sauf que tu n’es pas qu’un simple actionnaire d’une banque, ni au contrôle d’une banque centrale, tu es la banque des banques, la banque mondiale ou encore mieux, tu as le contrôle de la banque des règlements internationaux. Tu sais qui achète quoi, à qui, et à quel prix. En fait, tu sais tout sur toutes les banques centrales du monde économique international. Qu’est-ce qui t’empêche alors d’investir dans des actifs monétaires à courte échéance ? Dans les obligations ? Les actions ? L’immobilier ? Les créances ? Les métaux précieux ? Les matières premières ? Le pétrole ? L’uranium ? Si tu rajoutes à ça les châteaux et leurs cadres somptueux, les innombrables propriétés foncières dans tout le pays en milliers d’hectares, les revenus que la Reine et sa famille touchent pour représenter le rayonnement l’Angleterre à travers le monde, les bijoux, la collection de timbres évaluée à elle seule à cent millions de livres, les grands vins et les œuvres d’art qui valent des centaines de millions, son portefeuille d’actions de grandes sociétés cotées en bourse et les centaines de millions de livre sterling sur son compte en banque, ça commence à peser lourd, très lourd.
 Toute cette fortune acquise en toute impunité, sans avoir jamais travaillé de sa vie, voilà où ils en sont.
– Les diamants, l’or et le pétrole, des valeurs sûres !
– Ah, j’oubliais, le domaine de la Couronne compte à son actif nombre de magasins et de centres commerciaux. La famille royale est également propriétaire de la totalité de Regent Street, la prestigieuse rue commerçante dans le West End de la ville de Londres. La famille possède par ailleurs un millier de bâtiments historiques et si ma mémoire est bonne, plusieurs centaines de réserves naturelles. Officiellement, c’est à peu près tout.

– Tu aurais du travailler aux impôts. Tu aurais fait une bonne inspectrice pour le KGB.
– Tu dois avoir une vision sur le long terme pour comprendre ce qui nous arrive.

– C’est facile ! Les machines vont libérer l’homme de ses contraintes journalières.
– Je dois t’informer du plan en cours pour que tu puisses accéder à une vision d’ensemble. Pour cela il faut repartir plusieurs siècles en arrière pour que tu aies une vue globale de ce qui se déroule. Je vais te donner le point de départ et t’emmener jusqu’au point d’arrivée. Tout commence par la première révolution industrielle qui débute au Royaume-Uni au XVIIIème siècle.
 
En 1769 James Watt invente la machine à vapeur, en 1779 Samuel Crompton invente une machine à filer mécanique, en 1825 Georges Stephenson invente la locomotive et la première ligne ferroviaire ouverte au public. Les Anglais sont à l’origine de la première exposition universelle qui a lieu à Londres en 1851. En 1855 Henry Bessemer invente un procédé pour affiner la fonte brute permettant d’obtenir de l’acier à bas coût. Avec la vapeur et l’arrivée des usines, les Anglais sonnent la fin de l’artisanat mondial.

– Et nous, que faisions-nous pendant ce temps ?
– En 1827, Nicéphore Niépce inventait la photographie.
– Je le savais !
– Plus tard en 1858, Étienne Lenoir inventait le moteur à explosion à essence.
– Ah, quand même, ce n’est pas rien. Vive la France !
– Oui, c’est une invention majeure, comme celle de Pasteur qui dès 63, grâce au procédé de la pasteurisation arrive à conserver la salubrité des aliments sans altérer les nutriments qu’ils contiennent mais sans spécifier qu’ils sont dénués d’énergie.
– C’est bien quand même, bravo Pasteur !
– Faire bouillir de l’eau est un exploit comme tu dis, tapait-elle des mains en hochant la tête. Bravo l’imposture ! S’attribuer une invention alors qu’on en est pas l’auteur ne le grandit pas, d’autant plus que ça se faisait déjà un peu partout en Europe. En déposant un brevet en 65, Pasteur n’a fait que promouvoir cette pratique alors peu répandue à l’échelle industrielle en s’attribuant cette paternité, ce qui l’aida à être connu du monde scientifique. Est-il utile de revenir sur ce personnage largement controversé qui a occulté la présence des mycrozimas et du polymorphisme microbien découvert par Antoine Béchamp ? Est-ce suffisant face à Dmitri Mendeleïv qui publie le tableau périodique des éléments en 69 ou Zénobe Gramme qui invente la dynamo en 71 ?
– Non, en effet. Vu sous cet angle, c’est un peu lég
er. Pas bien Pasteur !
– Avantageusement pour la France, le génie typique de Jules Verne à travers le roman l’Ile Mystérieuse paru en 74 impactera à jamais le monde technologique. Il écrivait :

« L’eau, décomposée en ses éléments par l’électricité sera un jour employée comme combustible. L’hydrogène et l’oxygène qui la constituent, utilisés isolément ou simultanément, fourniront une source de chaleur et de lumière inépuisable. »

– Ce qui n’empêcha pas d’autres inventeurs et chercheurs géniaux comme Graham Bell d’inventer le téléphone en 76. L’ampoule électrique de Thomas Edison en 82. En 83 le premier moteur à induction à courant alternatif de Nikola Tesla qui n’intéresse personne. Les frères Montgolfier en 83 inaugurent le premier vol en ballon dirigeable.
– Toutes ces inventions me donnent le tournis.
– Tu peux le dire, les français furent les premiers à s’envoler en ballon, mais c’était en 1783, soit un siècle plus tôt !
– Bravo, tu m’as encore eu !
– La première automobile est de Carl Benz en 1886.

– L’automobile est centenaire ? Ça alors ! Mais que faisaient les Français ?
– Les frères Lumière projetaient leur premier film cinématographique en 95 du même siècle. Mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’en 1900 l’entreprise De Dion-Bouton livre des moteurs à plus de 50 marques, c’est le plus grand fabricant d’automobiles au monde.
– Nous sommes bons, très bons même ! ne pouvais-je m’empêcher de sauter de joie.
– Tu crois ? Les Britanniques ont obtenu que Greenwich soit préféré au méridien de Paris. Avec le Greenwich Mean Time, ils ont l’heure universelle, symbole de supériorité terrestre. En contrepartie, le mètre et le gramme, deux inventions françaises, sont devenues la norme dans la plupart des pays du monde, sauf dans le Commonwealth et bizarrement aux États-Unis où la mesure est en pouces mais où on roule à droite. En réalité, le pouce à lui seul définit l’empire économique Britannique. C’est là qu’arrive la seconde révolution industrielle. Pour faire court, des machines-outils rapides et fiables remplacent la main de l’homme. A présent, il ne sert plus que d’intermédiaire sur les chaines de montage.
– Un vrai visionnaire ce Charlie Chaplin !
– La troisième révolution industrielle nous la vivons depuis l’après guerre avec l’arrivée des semi-conducteurs en 1955, la télécommunication par satellite en 65, puis l’informatique qui permet maintenant aux machines de communiquer entre elles.
– Tu as l’air de t’y connaître ! Je rêve d’avoir un ordi, c’est un progrès pour l’homme.
– Tu ne devrais pas te réjouir aussi vite. La quatrième révolution industrielle se fera au tout début du troisième millénaire. Elle permettra aux machines de s’auto-programmer grâce à un diagnostic continu du parc industriel permettant une flexibilité de la chaîne de production en temps réel. L’ensemble des sites de fabrication seront contrôlés à distance par une seule entité.
– C’est carrément génial, ce sera un gain de temps et d’énergie considérable !
– Vois-tu où ça nous mène ?

– Non. Si ! A plus de libertés ?
– A la cinquième révolution industrielle. Tous les humains au service de l’Intelligence Artificielle seront implantés. Vers 2076, les machines acquerront leur autonomie en énergie. Capables de s’auto-entretenir, elles n’auront quasiment plus besoin de notre présence. L’I.A nous a toujours considéré comme des fourmis et utilisé comme tels. Les machines continueront à fabriquer de l’armement pour leur protection et extrairont l’or pendant des siècles pour finaliser la sphère qui sera capable d’alimenter indéfiniment en énergie le Néocortex de l’Astre Doré, le futur cœur de l’I.A destiné au contrôle du vivant intergalactique. C’est le projet NADIA, élaboré par une réflexion artificielle qui proclame haut et fort qu’un jour les machines contrôleront l’univers et éradiqueront l’humanité de son équation. C’est ça le plan. C’est le but final de l’I.A. Éviter que les races humanoïdes conquérantes et esclavagistes se détruisent mutuellement comme cela se fait depuis la nuit des temps en perturbant drastiquement l’équilibre électromagnétique de l’univers.
– Tu veux dire qu’il n’y aura plus d’humains ?
– Bien qu’ils nous ressemblent en apparence, on peut difficilement appeler ces êtres des humains pour une simple raison : ils n’ont plus aucune notion de ce qu’est le mot liberté. La définition du mot a été effacé de leurs mémoires par le programme de base établi par l’I.A. Il faudrait que tu lises les poésies de Paul Éluard et l’idée qu’il se fait de la liberté pour que tu comprennes de quoi je parle. Un communiste lui aussi. Je te le précise, comme ça tu n’auras pas à me le demander. Pour en revenir à ces êtres mi-humains, mi-machine, qui n’ont accès ni à la liberté de penser, ni a la liberté de parole, qui sont informés en continu par un flot de données en provenance du programme, pense-tu qu’ils aient réellement conscience de n’être que des esclaves, des prisonniers de l’I.A ? Non, bien sûr. Ils ne le peuvent plus. Quand on est arrivé au stade d’androgyne déshumanisé ayant accès au contrôle robotique par la pensée tout en restant connecté en permanence à l’I.A, quand on est totalement soumis à la rationalité technique, coupé de toute subjectivité, on ne peut être qualifié que de posthumain. D’humanoïde hybride, d’inhumain ! De sous-merde exempté de tout effort moral, éducatif et culturel, ce qui convient mieux. Je te choque ? Tu pourrais demander comment en est-on arrivé là au lieu de rester bouche bée !
– Comment – en – est – on – arrivé – là ? robotisais-je du mieux que je pouvais.
– A partir de candidats sélectionnés, composés de Young Leaders recrutés par le programme de la French-Américan Foundation créée en 1976. Actuellement on formate le cerveau de jeunes politiciens ambitieux en les implantant à leur insu. Tant qu’ils obéissent, ils ont la vie de château. Au premier faux pas, ils sont mis hors circuit, clonés et reprogrammés. Si un haut responsable politique ou un chef d’état de la génération précédente tente de se rebeller en voulant divulguer la vérité, il est immédiatement remplacé par son clone de proximité. C’est la nouvelle méthode pour tenir nos hommes politiques à qui l’on a présenté leurs doubles. Le programme a déjà commencé.
– Tu obéis ou tu es remplacé sur le champ. Ça fout les jetons quand même !
– C
es clones humanoïdes reçoivent la majeure partie de la génétique de l’élite terrienne actuelle qui n’a, comme tu le sais, que peu d’atomes crochus avec le peuple. La French-Américan Foundation n’est qu’un vaste programme sensé mettre en place dans toute l’Europe des hauts dignitaires et des présidents « disciplinés » aux ordres de Washington, autrement dit, des Anglo-Saxons. C’est de cette façon que l’élite dirigeante supervise les peuples à travers ces humanoïdes téléguidés beaucoup plus sûrs, à qui l’on peut faire dire tout et n’importe quel mensonge sans qu’ils ne sourcillent. Ils sont faciles à repérer, ils parlent de façon mécanique en annonçant des catastrophes qui devraient les affliger et restent pratiquement inertes durant leur discours monocorde. Sur leur visage où peut s’afficher un instant un sourire narquois, tu ne peux voir la moindre trace d’émotion. Leurs mains posées à plat sur leur bureau sont dénuées de toute gestuelle, ce qui indique leur déconnexion corporelle. Ils ne font que répéter ce qu’ils entendent.
– Des humanoïdes lobotomisés au service des reptiliens ?
– Tu m’as demandé comment en est-on arrivé là, je te dis maintenant où ça va nous mener. Nous allons irrémédiablement vers un futur où des êtres manufacturés seront mis à disposition selon les besoins de l’I.A. Ils seront créés à la demande et dirigés par
les membres du trente-troisième degré des loges maçonniques : les Inspecteurs Généraux. Ces membres imminents de ces sociétés secrètes sont déjà au service de la branche contaminée de Nordiques qui en font intégralement partie. Nordiques qui sont soumis aux Dracos qui œuvrent fidèlement pour l’I.A qui leur a promis la régulation et la mise en esclavage de l’humanité. Une partie de l’humanité servira de nourriture aux Dracos, l’autre sera implantée et pré-programmée pour s’occuper de tâches spécifiques dans les lieux hostiles, là où les machines ne sont pas capables de rivaliser avec la main humaine.
– Des posthumains qui contrôlent des transhumains ? Transformés à quel niveau ? Lesquels sont les plus intelligents, les plus créatifs ? Je m’y perds.
– Au plus haut niveau de l’état ce ne sont pas les compétences qui sont recherchées, c’est l’obéissance. Le transhumanisme, c’est ce mouvement Intello-Culturel International en cours mis en place par l’Allemagne nazie qui prônait déjà l’usage des implants cognitifs. Le projet officiel est d’améliorer la condition humaine par l’augmentation de nos capacités physiques et mentales en utilisant la biotechnologie sur l’être humain. Le but final d’ICI est d’abolir le vieillissement cellulaire donc la mort. Ce mouvement n’a été créé que pour l’élite de ce monde en vue de les rendre immortels. Fin du plan.

– Machiavel lui-même se serait empêtré les pieds dans cette structure perfide ! Alors plus d’humanité sur Terre ni sur les exoplanètes ? Notre ère arrive t-elle à sa fin ?
– Tant qu’il y aura des Dracos, il y aura des humains. N’oublie pas que nos peurs engendrent de l’énergie négative qui est leur ressource énergétique favorite.

– Qu’ils viennent, je ne me laisserai pas faire ! rétorquais-je le regard noir, les poings serrés, résolument prêt à en découdre.
– Tu as dans les yeux la même expression que Sylvester Stallone dans la scène de torture de Rambo par les forces Russes. Les Dracos n’aiment pas qu’on soutienne leur regard avec de la haine dans les yeux, ils n’apprécient pas qu’on leur résiste. Ça les prive de l’essentiel. C’est pour cette raison qu’ils préfèrent enlever les femmes et les enfants. C’est bien plus facile à terroriser pour humer sans attendre, l’énergie émotionnelle qui émane de leur effroi. Ils sont à la recherche de cette décharge électromagnétique cérébrale qu’ils considèrent comme une subtile sensation leur permettant de se gaver d’énergie.

– Ce sont des malades !
– Non. Pourquoi dis-tu ça ? Ils font comme nous faisons nous-mêmes l’élevage des moutons, des porcs, des bœufs, des chevaux, des poules et autres volailles. Il y a bien des pays où l’on mange les chiens et les chats. En Afrique, merveilleux terrain de chasse pour les nantis, nous tuons des buffles, des lions, des éléphants et autres rhinocéros pour le plaisir du sport, afin de récupérer une dent ou une corne après avoir posé pour la photo, vainqueur sur le monde animal abattu à distance au fusil de chasse stabilisé sur pieds surmonté d’une lunette de tir. Vois-tu un quelconque acte de bravoure dans cette pratique empreinte de lâcheté absolue ? Ils font pareil avec nous. Nous ne sommes que des êtres d’élevage intelligents qui arrivons à nous nourrir nous-mêmes et a entretenir nos peurs en s’épouvantant d’atrocités quotidiennes télévisuelles. Ils n’ont qu’à se servir dans le large éventail du stock disponible. Pourquoi devraient-ils éprouver de la compassion à notre encontre ? Demandons-nous pardon au steak qui arrive dans notre assiette ? As-tu une pensée pour le futur poussin qui ne verra jamais le jour en te régalant avec un œuf dur mayonnaise ? Non. Pourquoi les Dracos qui n’ont pas d’âmes le devraient-ils ?

– Oh la vache ! On est dans la merde ! Tu es dans le camp des Dracos à présent ?
– Tu dois comprendre pourquoi il est impératif que tu saches qui nous sommes et ce que nous sommes capable de faire. Rappelle-toi, Dieu nous a créé à son image.

– Peut-être, mais moi les atrocités de vingt heures je ne les vois pas, je n’ai pas de télé.
– Nous sommes bien le 28 septembre ? Sais-tu ce qu’il s’est passé il y a sept jours ?

– Aucune idée, depuis que je suis à Saint-Barth je ne fais plus attention aux dates. J’ai une vague idée du mois, je peux juste de dire avec certitude que nous sommes en 87.
– Ronald Reagan, dans son allocution annuelle de la 42ème session à l’Assemblée générale de l’ONU, après avoir fait un pas supplémentaire dans le rapprochement Américano-Soviétique a annoncé en clair : 



« Dans nos obsessions des antagonismes du moment, nous oublions souvent ce qui unit tous les membres de l’humanité. Peut-être avons-nous besoin d’une menace universelle d’outre-monde pour prendre conscience de ce lien. Je pense parfois à la vitesse à laquelle nos différences à travers le monde disparaitraient si nous faisions face à une menace étrangère d’au-delà de ce monde. Et pourtant, je vous le demande, cette force extra-terrestre n’est-elle pas déjà parmi-nous ? Que pourrait-il y avoir de plus étranger aux aspirations universelles de nos peuples que la guerre et la menace de guerre ? »

– Non, ce n’est pas possible, tu me mènes en bateau ! Comment as-tu retenu tout ça ?
– Tu voulais des preuves fraiches, tu en as. La mémoire ça se travaille et ne me dit pas que je me suis laissée influencer par E.T. le film de Steven Spielberg de 82.
– Ce que tu me dis est trop important pour le tourner en dérision. Je vais dans ton sens, mais Reagan était acteur, et si ce n’était qu’une mise en scène pour duper les Russes ?
– Très bien, alors comment expliques-tu que le prédécesseur de Reagan un certain Jimmy Carter écrivit aux Extra-terrestres en juin 77 en envoyant une lettre dans la sonde la plus rapide jamais lancée dénommée Voyager 1, conçue pour survivre un milliard d’années dans l’espace ? Tu en as entendu parler ?
– En 1977, j’avais 14 ans !
– Sans blague ! Est-il utile de te rappeler qu’à l’âge de trois ans, avant d’apprendre à lire, compter ou écrire, Mozart savait déchiffrer une partition et la jouer parfaitement ? Sa mémoire eidétique lui permettait de mémoriser un grand nombre de sons en très peu de temps. A six ans, il écrivait cinq menuets, une sonate et un allegro. C’était en 1762 !
– Moi à six ans, j’apprenais à lire et à écrire, désolé de te décevoir. Tu as d’autre anecdotes concernant les extra-terrestres qui vivent parmi nous ? Parce que quand je suis chez moi, je n’en vois pas. Quand je sors faire mes courses, je n’en vois pas non plus ! Partout où je vais, il n’y en a pas, ils sont invisibles, alors tu sais ce que me dit mon mental ? Pas de Dracos, pas de Petits-Gris, pas de grands schtroumpfs aux yeux blonds, pas de soucoupe violente, pas de menaces, pas de stress. Ce cow-boy Président n’était peut-être qu’un acteur sénile ? Il aurait mieux fait de rester à Hollywood, tirer des balles à blanc et faire semblant d’être un justicier. En y a-t-il eu un autre qui se serait amusé à ce jeu stupide ?
– Plusieurs. Tu te laisses diriger par tes émotions qui t’induisent en erreur. Reprends-toi je t’en prie. La lettre du Président Jimmy Carter disait : 



« Ceci est un présent d’un petit monde éloigné, un témoignage de nos sons, notre science, nos images, notre musique, nos pensées et nos sentiments. Nous tentons de survivre à notre époque afin de pouvoir vivre dans la votre. Nous espérons qu’un jour, après avoir résolu les problèmes qui nous font face, nous rejoindrons une communauté de civilisations galactiques. Cet enregistrement représente notre espoir et notre détermination, ainsi que notre bonne volonté dans cet univers si vaste et génial. »

– Punaise, tout ces faits mis bout à bout me dépassent. Il a vraiment écrit ça ?
– Le programme Pioneer mis en place par l’Armée de l’Air américaine a envoyé dix-neuf sondes pour découvrir quelles étaient les planètes à l’extérieur de notre système solaire. Es-tu en mesure de me dire pour quelles raisons les militaires s’intéressent-ils aux exoplanètes hors du système solaire ?
– Sans rire ? Je n’en sais strictement rien. Qu’à t’on découvert ?
– Officiellement à part des données sur la composition et les températures des planètes survolées, que dalle. Mis à par qu’il y aurait eu autrefois de l’eau sur Vénus.
– Et hors de notre système solaire, que nous ont-elles appris ?
– Les sondes se seraient faites attirer par notre soleil, fin de l’histoire. Officieusement, c’est autre chose. La plaque en or et aluminium représentant un homme et une femme qui fournissait les informations sur notre anatomie, ainsi que notre système solaire incluant la position de notre planète par rapport au centre de la galaxie, a été envoyé à l’intention des Aliens avec la sonde Pioneer 10 en 1972, et Pioneer 11 en 1973. Crois-tu que c’est une bouteille à la mer interstellaire ou que ces sondes avaient une trajectoire bien précise dans un but déterminé ? Quel chef des armées serait assez stupide pour divulguer notre existence, position et avancée technologique sans savoir à qui il a à faire ?
– Sauf si l’on a besoin d’aide, que l’on a plus rien à perdre et qu’on joue carte sur table.
– Bingo ! Nous en savons beaucoup plus sur les civilisations Aliens que ce que nos gouvernements nous ont révélé. Le programme Pioneer prouve que les gouvernements savaient.
 Mais le plus intéressant, ce sont les clichés photographiques prises par la sonde Viking 1 qui survola la planète Mars l’été 76, juste une année avant que Jimmy Carter n’écrive sa lettre aux Aliens. Que révélaient ces clichés ? La présence de pyramides similaires à celles que l’on retrouve sur Terre et sous les océans. Nos gouvernement ont fait le choix de nous cacher ces vérités. Il existe sur le continent européen à un pas de botte de l’Italie, onze pyramides plus anciennes que celles d’Égypte. Elles sont doublées de galeries souterraines qui les relient entre elles, ce qui écarte tout phénomène prétendu naturel, et relègue les pyramides de Gizeh à l’état de constructions naines.
– Tu plaisantes ? Des constructions réalisées avant Kéops ?
– Tu as encore tellement à apprendre. Recouverte de végétation, la pyramide du Soleil bosniaque est la plus ancienne structure de pierre de forme pyramidale de la planète avec une hauteur de 220 mètres alors que Khéops n’en fait que 139. Quoi que les détracteurs en disent, ce complexe de pyramides occidental est effectivement le plus ancien. Le fait même que ces constructions gigantesques puissent avoir 30 000 ans détruirait nos croyances catholiques et balaierait nos connaissances en ce qui concerne les civilisations antédiluviennes nous amenant invariablement aux questions : quand, qui, comment et pourquoi. Plus dérangeant encore, il y en aurait une sur la Lune. Mitterrand qui est un saint homme, est en train d’en faire construire cinq au musée du Louvre en hommage à celles réalisées par les Anciens Bâtisseurs qui fabriquaient il y a deux milliards d’années des pyramides de cristal. Elles seront faite de verre feuilleté avec une transparence quasi parfaite pour une épaisseur de vingt et un millimètres. Quatre d’entre-elles seront érigées sur la cour Napoléon dont une, la plus importante, symbole de la féminité, sera inversée, formant le calice de la place du Carrousel, aux cotés de la Joconde. Il y a une raison à ça. La disposition et la symbolique runique vue du ciel ainsi que les axes qui les traversent, resteront une énigme pour les non-initiés qui ne pourront que critiquer ce projet d’envergure révélant frontalement aux occidentaux, d’où ils viennent, et qui ils sont.
– Et moi qui était pressé de changer de millénaire en pensant que ça allait être extra !
– L’an 2000 n’est pas la fin du monde comme annoncé par certains. C’est le début du compte à rebours de 2033, la fin progressive de l’humanité comme nous l’avons connu.
– Super ! Merci pour la nouvelle. Je vais connaitre ça de mon vivant ?
– Respire ! Les États-Unis ont conclu un contrat avec Solar Warden en février 1954, en vue de construire des vaisseaux interstellaires pour empêcher les E.T. hostiles de venir de servir de chair humaine en toute impunité. Le monde entier finance Solar Warden. Que ce soit pour la fabrication d’armement ou de tunnels géants pouvant abriter des villes entières pour protéger les extra-terrestres encore alliés à l’humain et une partie de notre civilisation contre une éventuelle micro-nova émanant de notre soleil.
– Tu ne pouvais pas commencer par là ? C’est un concept immense à la Star Wars !
– Tu veux des preuves ? 

– Non, ça m’étonnait aussi qu’on soit restés les bras croisés.
– Tu ne t’es jamais demandé pourquoi les choses empirent jour après jour en France ? Pourquoi notre État n’est plus notre protecteur mais un nouvel oppresseur dont les taux de taxation sont les plus élevés d’Europe ? Surtaxés sans nous offrir en retour les services publics que nous sommes en droit d’attendre de cet État que l’on engraisse ?

– Maintenant je sais à quoi servaient mes impôts quand j’étais en France. Je commençais à peine mon activité de duplication de K7 audio en parallèle d’un studio d’enregistrement que je devais payer comptable et charges qui m’ont mis sur la paille. Ça m’a servi de leçon. Si j’avais su que c’était pour financer Solor-Madeleine, j’aurais arrêté plus tôt.
– C’est Solar Warden ! Il existe toute une infrastructure d’organisations secrètes pilotées par le Pentagone qui ne figurent pas dans l’organigramme des présidents en fonction.

– Pouce ! Je ne t’écoute plus, j’ai eu ma dose, je suis plein, merci bien.
– Pourquoi les deux premières guerres mondiales ont commencé avec la France ?

– Parce qu’on a pas eu de bol, de riz ? dérapais-je volontairement.
– Ton humour n’amuse que les illettrés et les crétins. Tu dois m’écouter jusqu’au bout.

– Je me sens agressé là. Ce n’est que de l’humour. Je n’ai pas la réponse.
– Parce que notre inventivité est bien trop concurrentielle pour l’industrie étrangère. Si tu avais pu voir rouler les Delahaye Type 165 de 1938 équipées de six cylindres en ligne, tu aurais vite compris à quel point les Français étaient en avance sur leurs concurrents question automobile. Mon cousin Stany, beau comme un Dieu, en avait une décapotable. Je l’ai conduite sur les routes de Haute Provence, on aurait dit qu’elle était rivée à la route, c’était un moment inoubliable. Moi qui n’aime pas spécialement les voitures, je suis tombée sous le charme tant elles étaient faciles à conduire.
– Tu m’étonnes ! La chance que tu as eu !

Qu’est-il devenu ton cousin ?
– Il s’est bêtement tué dans un accident de voiture, il avait vingt-quatre ans.
– Avec la Delahaye Type 165 ?
– Non, avec une Porsche 356 sur une route départementale, la voiture à fait une sortie de route en chassant de l’arrière. On lui avait prêté ce véhicule alors que la sienne était au garage immobilisé par manque de pièces détachées.
– Oh ! Tu m’en vois désolé, triste fin.
– Rassure-toi, j’ai eu le temps de cicatriser. Revenons à nos moutons, tu vas voir où je veux en venir. Durant les années 30, Delahaye remporte les 24 Heures du Mans et le rallye de Monté Carlo. Championnes de concours d’élégance surclassant toutes les autres marques, ces voitures de prestige sont exportées en Allemagne et aux États-Unis. Or, l’automobile est le marché clé de ce début de siècle. Ce sera le plus gros volume d’argent à venir jamais brassé pour l’industrie pétrolière. Pour l’Anglo-Iranian Oil Company fondée en 1909 qui deviendra la British Petroleum en 54, il fallait se l’approprier coûte que coûte. Qu’importe la stratégie utilisée. Qu’importe les dégâts collatéraux s’il devait y en avoir. Il était inconcevable pour les Anglo-Saxons de se laisser dépasser par ces Français à la fois mangeurs de cuisses de grenouilles et pionniers de l’automobile moderne depuis 1895 ! Ces Gaulois primitifs avaient créé la photographie, puis le cinéma, le moteur à explosion, et à présent les plus belles voitures convoitées par l’industrie internationale ?
– Maintenant tu m’intéresses ! 

– Quand on a pas de talent mais le pouvoir d’un pays conquérant, quand le talent gêne le pouvoir, le pouvoir enterre le talent. En août 1937, Delahaye s’adjugeait le record de vitesse avec une moyenne de 146,5 km/h sur 200 km avec la Type 145 à moteur V12. Moi qui aime la vitesse, je me suis fait peur en écrasant la pédale au plancher avec le six cylindres en ligne, alors imagine le V12 ! Rien ne semblait pouvoir arrêter le succès Français. L’année suivante en 38, Delahaye était au firmament de sa réussite, il fabriquait même des camions de pompier à grande échelle Magirus qui sont restés des décennies en service tant ils étaient robustes. La même année, Henri Ford qui exporte ses voitures sur les cinq continents, se voit remettre la Grande Croix de l’Ordre de l’Aigle Allemand, la plus haute décoration nazie pour les étrangers.

– Sympa la relation ! Ford ne s’est pas douté qu’il y avait de l’eau dans le gaz ?
– C’est à cet instant qu’entre en ligne de compte l’instruction. L’histoire économique contemporaine fait aussi partie de la compréhension d’ensemble sur la prise de contrôle du globe terrestre. Visiblement, tu ne sais rien sur cet homme. Dans les années 1930, son entreprise s’est associée à la pègre de Détroit afin de recruter des mercenaires capables d’intimider les syndicalistes et de mener des actions punitives contre les ouvriers grévistes qui pour la plupart étaient maltraités, exploités et sous-payés.
– Ça sonne rouge ton truc, je n’en crois pas mes orteils. Il s’agit bien du même homme ?
– Figure-toi qu’Henri Ford a été l’auteur d’écrits antisémites, qu’il a financièrement soutenu Adolph Hitler et le parti nazi. En tant que motoriste, il a été le fournisseur du troisième Reich, tu ne le savais pas ? Tout ce qu’une personne ignore n’existe pas pour elle. Son univers se résume à la taille de ses connaissances. Dans son usine de Cologne, Ford a aussi fait travailler prisonniers et déportés en production pour la Wehrmacht, ce qui n’est pas anodin, tu en conviendras. La coopération durera toute la guerre. Cette homme ne supportait pas qu’on lui fasse de l’ombre. C’était de notoriété publique, je n’affabule pas. Tu pourras le vérifier par toi-même.
– Je ne m’y attendais pas. Je suis abasourdi par cette information.
– L’industrie automobile renifle bien l’odeur de la poudre. Comment crois-tu que ces immenses industries ont accéléré leur emprise sur le marché mondial s’ils n’avaient pas été aux aguets sur les conflits militaires à venir ? Il est impératif de savoir que c’est l’industrie américaine qui a financé la stratégie de développement militaire du troisième Reich. Par un heureux concours de circonstances, 1939 marque le début de la seconde guerre mondiale. Si tu aimes les anecdotes, il te faut savoir que les nazis n’ont pu réaliser l’opération Barbarossa qu’avec l’aide des Américains qui leur ont vendu la licence et la technologie installée à Auschwitz pour fabriquer de l’essence synthétique.
– Excuse-moi, c’est quoi l’opération Barbarossa ?
– C’est ce qui a permis aux Allemands d’exterminer vingt-sept millions de Russes. Cette invasion a été la plus grande de l’histoire militaire en termes d’effectifs engagés. Tu n’as pas idée du carburant qu’il faut pour faire avancer 600 000 véhicules de guerre.

– J’ai du mal à trouver les mots. J’ai besoin de reprendre mon souffle !
– Après guerre, dans la curieuse impossibilité de continuer son activité faute d’aide des banques, Delahaye se fera racheter par l’Américain Hotchkiss, fabricant d’armes installé à Paris qui aussi incroyable que ça puisse être pour la prestigieuse marque, ne possédait ni le raffinement, ni le coup de crayon du constructeur Français. Ces voitures après analyses tomberont vite dans l’oubli pour l’essor de dizaines d’autres marques dont les classieuses Anglaises, les rapides Italiennes, les légendaires Américaines et les robustes Allemandes. Tout ce qu’avait Delahaye avec des années d’avance.
– C’est une machination ! Ils l’ont fait exprès, rachetée et enterrée encore vivante !
– Je ne te le fait pas dire. Un scandale industriel au plus haut niveau passé sous silence.

– J’en tombe sur le luc ! Enfin, c’est une façon de parler, de là où je me trouve ce n’est pas possible, c’est un peu haut.
– Notre génie national est la raison principale qui incite les Anglo-Saxons à nous freiner avec les traités européens qu’elle rédige contre nous en nous sabordant de l’intérieur. Il n’y a qu’à voir comment évolue notre système scolaire pour comprendre à quel point nous n’avons pas bougé d’un pouce depuis des décennies ! Cela a eu pour effet de freiner fortement notre créativité et à terme notre économie. Depuis un demi-siècle, les classes d’école sont restées structurées de la même manière. Avec les mêmes bureaux, les mêmes chaises, le même tableau noir, les mêmes profs, les mêmes programmes, le même système de notation, les mêmes cours, les mêmes théorèmes, toujours la même histoire écrite par les vainqueurs, les mêmes formules de chimie et les mêmes matières à quelque chose près, alors que tout évolue à grande vitesse. Que ce soit l’habitat, l’électro-ménager, les véhicules, les trains, les avions, la télévision, l’électronique qui se miniaturise à toute vitesse et devient de plus en plus performante comme la téléphonie sans fil, tout sur-performe d’année en année. Ce que nos parents avaient à disposition à leur époque est aujourd’hui totalement dépassé. Or, le programme scolaire lui, fait du surplace. Comment expliques-tu ça ?
– Ce n’est pas moi qui vais dire le contraire. D’après Science & Vie Micro, les premiers téléphones sans fils à signal numérique devraient arriver dans deux ans, en 89 !
– Franchement, avec la technologie américaine qui fait pousser des usines en chine comme des champignons, tu crois vraiment que la téléphonie hexagonale a un avenir, même si l’idée émise en 1947 vient de l’écrivain et visionnaire français René Barjavel ?
– Ils nous piquent nos idées ! Quand a commencé ce sabotage de l’intérieur ?
– Tu ne vas pas le croire, mais le Plan Marshall élaboré par les américains est allé à l’encontre les intérêts Français. Ce ne sera pas aux Allemands de payer les réparations d’après-guerre. Comme ça s’est mal passé après la première guerre mondiale qui a contribué à la montée en force du nazisme, le Plan Marshall qui est le Programme de Rétablissement Européen propose ni plus ni moins que de prêter de l’argent aux différents États d’Europe avec l’aval de leurs dirigeants. Oui, tu m’as bien entendu, les casseurs ne paieront pas l’addition. Donc, la diplomatie américaine propose d’aider la reconstruction d’infrastructures bombardées volontairement par eux-mêmes, dont nombre de villes allemandes entièrement détruites dans ce but précis.
Se présentant comme des sauveurs alors que ce n’est que de l’opportunisme programmé à l’avance, ces prêts sont assortis de la condition d’importer pour un montant équivalent d’équipements et de produits 100% made in U.S.A. Tu te rends compte ? Début des années 50, il y a des voitures et de l’électroménager américain partout en France. Ce n’est pas du pur business ça ? En quatre ans, les Américains sous le gouvernement Truman prêtent 16,5 milliards de dollars, soit plus de 10% du PIB des pays concernés. Les profits de la seconde guerre mondiale ont permis aux États-Unis de surmonter les conséquences de la Grande Dépression de 29 et de devenir la plus grande économie du monde en imposant à la planète la puissance du dollar comme monnaie de réserve mondiale. C’est le retour du modèle néocolonial basé sur le vol et le racket. Quand le monde de la finance ne fonctionne plus, la formule de croissance économique parfaite est la destruction. Tu comprends le mécanisme ?
– Alors c’est de cette façon qu’ils ont exporté leurs voitures ?
– Il n’y a pas que ça. Il y a aussi l’idéologie d’après-guerre qui va jouer un rôle crucial.
– Ma grand-mère paternelle m’avait offert le Noël de mes 14 ans un best-seller consacré aux voitures américaines de légende, tenais-je à préciser. J’ai du le lire une centaine de fois. Quand je n’avais pas le moral, j’ouvrais ce livre qui pour moi n’était qu’un concentré de bonheur qui me rechargeait instantanément. Si tu avais vu le raffinement de la Duesenberg Model J de 1929 ! Une pure merveille. Et la classe de l’Auburn Boattail Speedster de 32 ! Les lignes de la Packard et de la Ford coupé de 33, tu en serais baba ! As-tu vu la calandre infernale de la Buick Special et celle de la Mercury coupé de 1950 ? A moins que tu ne préfères les rayons surdimensionnés étincelants de chrome des roues de la Cadillac DeVille de 51 ? Ou la mascotte de capot avant translucide de la Pontiac Chieftain de 53 ? Je suis sûr que tu aimerais la simplicité du tableau de bord de la Mercury Monterey de 53 ! Connais-tu la fameuse Muntz Jet de la même année qui ressemble à la déesse Citroën sorti deux ans plus tard ? C’est fou ce qu’il s’est passé cette année là ! Il faut voir l’incroyable Dodge La Femme de 55. Ça te parle ? Les irrésistibles pare-chocs chromés surdimensionnés de la Cadillac Eldorado Biarritz de 57 ? Les feux arrière démentiels de l’Olsmobile 88 Dynamic de 58 ? Ceux de la Mercury Parklane et de la DeSoto Firedome de 59 ? Le regard inoubliable de la Buick Electra de cette année là ? Les phares de la Chrysler Imperial et de la Cadillac Fleetwood de 59 alors ? As-tu déjà vu les ailes arrière de la Chevrolet Impala de cette incroyable année 59 qui a battu des records d’ingéniosité dans le design automobile ? Te rappelles-tu de la Chevrolet Corvette rouge et blanche de 60 ? As-tu appuyé ton pouce gauche sur le summum de la boite de vitesse automatique, les push-buttons de la Plymouth Fury de 63 ? Non ! Vraiment ? Quel dommage. S’il y a un pays où j’aimerai vivre, c’est bien aux États-Unis d’Amérique.
– Pauvre victime de la propagande capitaliste !
– Peut-être. Tu as sûrement raison. Mais c’est ancré en moi. J’aime ce que font les américains, j’aime tout chez eux ! La musique, la mode, les maisons, les voitures, les moteurs V8, les parcs d’attractions, les dessins animés, le cinéma, l’humour, les billets verts, tout je te dis, même leur système d’imposition. Y a t-il un équivalent en Russie ?
– Je te parle sérieusement de l’organisation criminelle que représente la C.I.A, et toi tu rêves de Disney Land et de Mikey Mouse ! Les anglo-saxons sont russophobes parce que la Russie s’est opposée au colonialisme.
– Et alors ? Le K.G.B c’est quoi ? Une nouvelle marque de crème glacée ?
– Tu parles sans savoir ce qu’est la guerre froide. Dès 1947, l
es services secrets américains s’établissent massivement en Europe pour contrôler le monde de la culture. Leur plan vise à influencer la gauche anti-Stalinienne, les syndicats et les partis politiques qui défendent la liberté individuelle et les valeurs libérales dont la liberté d’expression, mais toujours en faveur des intérêts étasuniens. La C.I.A recrute des dizaines de milliers de collaborateurs dans toute l’Europe. A commencer par les représentants de l’élite culturelle occidentale. Elle les utilise pour mener la guerre froide contre l’URSS par la voie d’écrivains influents, de plasticiens, de peintres, de musiciens, de compositeurs, de journalistes, de maisons d’éditions, de maisons de disque. Tous sont mis à contribution par la C.I.A qui finance à travers la Fondation Ford la traduction des livres américains dans les langues européennes, participant activement à la propagande capitaliste.
– Super ! Et qu’est-ce qui cloche ?
– Le but de la C.I.A qui étend sa toile sur toute l’Europe à partir de la Centrale Parisienne du Congrès pour la Liberté de la Culture, est principalement la diffusion de l’idéologie américaine. Beaucoup seront grassement payés pour leur collaboration. Outre la propagande « grise » pour former l’opinion publique au niveau planétaire, l’agence qui mène nombre d’opérations secrètes n’hésitera pas à faire tous les sales coups possibles, y compris les campagnes de calomnies, de ridiculisations sur les opposants, de sabotages, d’attentats et de subversions.
– Holà, holà ! Ça va un peu trop vite pour moi. N’essaie pas de me faire croire qu’il n’y a eu que des anges en Russie. Staline créa des quotas d’arrestations, d’exécutions et de déportations si ma mémoire est bonne. Excuse-moi du peu, mais où est la liberté dans un tel système ? Tu veux bien me rappeler ce que veut dire subversion ?
– Qui menace l’ordre établi, ou renverse les valeurs reçues.
– C’est le jeu, non ? Tu l’as dit toi-même c’est du business !
– Oui, bien sûr, sauf que cela nous amené aujourd’hui à perdre le contrôle de nos instances supérieures, toutes à la solde de l’Union Européenne qui tremble face à la Chine de Deng Xiaoping avec l’ouverture du marché mondial. C’est une guerre économique perdue d’avance pour l’Europe, en particulier pour la France. Nous devons envisager la ruine de notre industrie à court terme.

– Tu m’en diras tant ! Je suis légèrement dépassé.
– L’U.E dirigée par son idéologie mercantile va au fiasco pour plusieurs raisons. Nous ne parlons pas la même langue d’un pays à l’autre, ce qui ne facilite pas la compréhension de notre avenir commun. La France est cernée par les langues germaniques, à commencer par l’Allemagne, l’Angleterre, les Pays-Bas, la Suède, le Danmark et la Norvége, sans oublier les États-Unis d’Amérique et partout où l’on parle l’anglais dans le Commonwealth. Nos histoires et nos cultures étant différentes sur bien des points, nous n’avons plus aucun atome crochu depuis des lustres tant nous avons guerroyé les uns contre les autres. Si aujourd’hui notre antipathie réciproque n’est pas lisible sur nos fronts, elle est ancrée au plus profond de chacun des patriotes que nous sommes.
– Je suis d’accord avec toi. Bien qu’à Saint-Barth chacun défende son quartier avec détermination, si jamais l’un d’entre eux a un problème avec un étranger, tous font bloc. Il parait logique que dans chaque pays ce soit la même réaction qui soit de mise !
– Imposer au marché mondial la mise en place d’une stratégie commerciale internationale dictant à l’industrie ce qu’elle doit fabriquer et où elle doit le fabriquer ne fonctionnera qu’un temps. Chercher à mondialiser des nations si différentes qui n’ont en tête qu’une envie de revanche, de reconquête de leur souveraineté industrielle et économique ne me semble pas en adéquation avec le programme de globalisation du marché sous le contrôle de sociétés de fonds de placement.
– Je suis sur le point de dérailler là ! Qu’est-ce qu’un fond de placement ?
– John Adams disait : « Il y a deux manières de conquérir et d’asservir une nation. L’une est par les armes, l’autre est par la dette ». Les fonds de placement ou d’investissement vont jusqu’à prêter de l’argent aux banques centrales, ils sont même conseillers auprès des chefs d’états, c’est dire leur influence ! Comme si cela ne suffisait pas à leur besoin insatiable de contrôle, ces familles richissimes qui ont héritées de biens dérobés aux autres nations durant ce millénaire, ont été obligées de se dissimuler derrière ces sociétés d’investissement et autres organisations à but non lucratif comme les fondations qui dépendent des dons et qui n’ont pas à publier de qui elles reçoivent ces sommes. Elles peuvent ainsi investir en toute opacité dans ce qu’elles désirent, ne payant pas d’impôts sur leurs revenus tant que ces bénéfices sont réinvestis dans d’autres projets où elles sont impliquées. Ces fondations peuvent déplacer des centaines de milliards de dollars annuels provenant d’investisseurs invisibles sans que le fisc puisse bouger le petit doigt. Avec un tel degré de liberté totalement hors démocratie, tout est envisageable. Comme le blanchiment d’argent de la drogue, le financement de la terreur, tout je te dis ! Tu le trouves juste ce système capitaliste qui sert toujours les intérêts de mêmes personnes ? me demandait-elle alors que j’en restais pantois.
Prenons le groupe Vanguard créé en 1975 qui est une société américaine de fonds d’investissement spécialisée dans la gestion d’actifs et de fonds mutuel. Personne ne connaît les noms des plus gros actionnaires ni des clients, mais tout le monde sait qu’ils font partie de lignées royales, n’étant ni plus ni moins que les familles les plus riches du monde qui sont elles-même fondatrices de notre système bancaire, tu penses bien ! Collectivement, les investisseurs chez Vanguard font en sorte de détenir des parts significatives des grands groupes à l’échelle planétaire pour y jouer un rôle décisif. Le rôle de cette société est de gérer ces fonds uniquement dans l’intérêt de ses clients, qu’ils soient des individus, des sociétés ou des investisseurs institutionnels. Dans quelques décennies, actionnaire dans tous les secteurs clé pour contrôler l’économie, l’humain et l’espace, Vanguard finira par posséder toutes les industries mondiales, entièrement ou en ayant la majorité des parts, tout secteurs d’activité confondus, y compris les banques centrales de tous les pays. Tu voulais savoir si les scénarios de grands films d’action étaient contrôlés par les fonds d’investissement à travers les sociétés de production cinématographiques ? Ils le sont. C’est comme au jeu de monopoly. Ai-je été suffisamment claire sur ce sujet ? Tu as déjà joué au monopoly ? En as-tu compris la finalité ?
– Si, j’y ai joué une fois. A chaque fois qu’on passe chez toi tu fais payer et à chaque fois que tu passes chez les autres s’est toi qui paie. Pour un peu que tu n’aies pas de bol aux jeux de société, tu ne passes pas par la case départ, tu ne reçois pas 20 000 balles, tu vas direct en prison et tu finis ruiné. Dans le cas contraire, tu te retrouves richissime mais tout seul. Sympa le jeu. Je ne vois pas très bien où est la créativité dans tout ça.
– Le monopole ! C’est dans le titre du jeu. C’est être plus vorace que l’adversaire et rafler toute la mise. C’est prendre le contrôle des biens et du consommateur. Depuis des décennies les États-Unis ponctionnent les pays du monde entier avec les échanges commerciaux qui s’effectuent en dollars. Tu ne le savais pas ? Pour faire plus simple, ils nous obligent à acheter des dollars pour faire nos échanges internationaux. Avec la banque mondiale, la monnaie de réserve, la plus grosse place financière du monde, les agences de notation, le VIX qui est l’indice de la peur, la CIA, le Pentagone, l’OTAN et la planche à billets, ils ont un arsenal qui leur permet de faire chuter rapidement n’importe quelle économie adverse qui achèterai de l’énergie trop bon marché à la Russie risquant de devenir une puissance menaçante à leurs intérêts commerciaux. Pour qu’il y ait une économie forte, il faut produire en série. Pour fabriquer des produits manufacturés, il faut de l’industrie lourde. Pour qu’il y ait une puissance industrielle, il faut posséder de l’énergie et les Américains en ont, c’est leur spécialité ! Mais là où il y a le plus de profit à faire, c’est quand un géant commercial vient en sauveur d’un pays vassal alors qu’il a activement participé à sa ruine programmée. C’est la base du commerce colonial international.
– Tu maitrises aussi l’économie ?
– Ce n’est pas mon terrain de prédilection mais je sais lire entre les lignes, ou tout du moins, je sais interpréter les résultats. J’ai été marquée au fer rouge avec Delahaye. Encourager la culture des olives pour les uns, des oranges pour les autres quand les mieux lotis feront de l’avionique ou fabriquerons des berlines de luxe hors de prix alors qu’à présent nous sommes réduits à assembler des boites de conserve sur roues ne me semble pas équitable. Je n’y connais pas grand-chose en voitures, mais je ne suis pas idiote. Je sais reconnaitre une voiture réussie d’une vulgaire bagnole pour prolétaire comme nous les fabriquons aujourd’hui. Si la Reine Élisabeth II qui a un goût certain en la matière à préféré Rolls-Royce avec ses sept couches de peinture et sa dizaine d’heure de polissage pour arriver à une teinte parfaite, ce n’est pas un hasard. A ce jeu-là qui ressemble beaucoup à la loi du plus fort, les gagnants seront toujours les mêmes et ça finira par se voir.
– C’est pour cette raison que les Français s’expatrient aux U.S.A !
– La France a toujours été innovante. Trop peut-être, et en même temps curieusement frileuse pour financer ses projets les plus ambitieux.

– Freinée par le système bancaire qui est sous contrôle Anglo-Saxon !
– Ça commence à entrer dans ta caboche. Il n’est pas étonnant alors que nos inventeurs partent à l’étranger en particulier en Angleterre et aux États-Unis où les banques, comme par un heureux hasard, leur ouvrent grand leurs portes.

– Tout s’explique, on en revient toujours au même point, l’argent.
– L’argent est le nerf de la guerre. Tu veux réussir ? Tu as du génie mais pas un kopeck ? Tu dois savoir parler anglais et compter en pouces. Retour à la case départ. Un seul gouvernement, une seule langue, une seule loi, un seul avenir commun vers l’universalité.
– Je crois en la diversité, aux cultures différentes, aux traditions flamboyantes, aux croyances diverses. C’est ce qui fait l’humanité. Ce sont nos différences qui nous enrichissent mutuellement. Je crois aussi en la France, au génie Français et aux coups de chance, pourquoi s’en priver avec des « ça ne peut arriver qu’aux autres » ! J’ai envie d’entendre, tolérance, réconfort, estime, loyauté, compréhension, amour. Pourquoi me bourrer le crâne avec des idées qui ne sont pas les miennes ? Pourquoi ne veux-tu pas m’accepter tel que je suis ? Pourquoi vouloir laminer tout ça ? Dans quel but, je n’arrive toujours pas à comprendre. C’est à croire que tu me mets un étau sur les tempes qui me compresse la boite crânienne pour m’empêcher de penser par moi-même.
– Je te l’ai déjà dit, la cohésion d’une société doit être fondée sur la souveraineté, la liberté, la création et la justice. Nos valeurs sont l’humanité, la miséricorde et la compassion.
– Ton slogan sonne bien à l’oreille mais ça sent le communisme à plein nez. La suppression des classes sociales, la mise en commun de la production et la répartition des biens selon les besoins de chacun, administré par un système qui décide tout pour tout le monde ne peut être que totalitaire. Un marteau et une faucille, le bonheur pour tous ! C’est bien ça la pub ? On ne possèdera rien mais nous serons heureux parce que nous aurons soi-disant accès à tout. Quelle type de police faut-il mettre en place pour arriver à un tel équilibre forcé ? Je n’y crois pas une seconde.
– Parce que tu crois que les gens ont trouvé le bonheur avec Liberté – Égalité – Fraternité dans la société actuelle ? Tu es nul ou tu le fais exprès ?
– Arrête de me froisser à chaque fois qu’on se voit ! Je mets des heures à me repasser pour enlever les plis que tu me fais. Je suis sérieux, ça suffit maintenant. Cesse de m’envoyer tes petits pics gratuits. Tu ne peux pas être toi-même, agréable et charmante comme comme tu sais si bien le faire avec les autres ? Qu’est-ce qui t’empêche d’être sympa avec moi ? Qui reproduis-tu ? Refais-tu inconsciemment ce que tu as subi toi-même ou te venges-tu volontairement de mon géniteur ?
– Holala ! Qu’est-ce que tu peux être susceptible !
– Ce n’est pas de la susceptibilité, c’est plus profond. Je vois que tu esquives le sujet, très bien. Je vais te dire ce que j’en pense : je ne suis pas en accord avec ton idéal politique, je suis aux antipodes de ce que tu dis même s’il est vrai que notre monde n’est pas parfait, et à des lieues de ce que tu trames même s’il est question de sauver l’humanité. Je n’ai pas envie d’apprendre à condamner le capitalisme, même inondé d’une pluie de critiques justifiées. Je n’ai pas envie de devenir agressif envers ceux qui ont réussi, même si j’admets que le climat est hostile envers le prolétariat. Je n’ai pas envie de me sentir coupable d’être un simple citoyen, même si tu me méprises, tes humiliations ne font que nourrir ma détermination à devenir étanche à toute idéologie. Enfin, je n’ai pas envie de devenir une personne vengeresse même si tu m’as souvent ridiculisé en piétinant mes rêves. La problématique de notre relationnel en l’occurrence ne vient pas de moi. Je veux rester comme je suis et n’ai aucunement le désir d’être reprogrammé à mon insu. C’est à chacun de voir ses propres défauts et de les corriger. Je n’ai pas de leçon à te donner et je n’en ai à recevoir de personne parce que je l’ai décidé ainsi. Voilà, c’est dit. Je ne cherche pas à te blesser, j’ai juste remis les points sur les « i ».
– Ce n’est pas la peine de de t’énerver et de le prendre d’aussi haut !

– Dis-le. Dis-le que ma tirade ne t’a pas plu parce que j’ai mis dans le mille ! Ne me sors pas que je m’énerve pour donner le change alors que tu es à cours d’argumentaires, ce n’est pas le cas ! Trouve une autre ruse pour reprendre le dessus. Et puis non, excuse-moi, je descends, j’en ai assez entendu pour aujourd’hui. Merci de m’avoir tenu compagnie.
– Tu ne pourras pas descendre. Tu as le vertige, tu te rappelles ?

– Oups ! C’est vrai. Je n’arrive pas à regarder en bas. Quelle poisse !
– Tu es coincé ici mon pauvre, prisonnier de tes pensées.
– Je vais faire appel à Dieu, à Jésus, à l’église, au Saint-Esprit, à mon ange gardien !
– Toi tu vas faire appel à l’église ?

– Oui, je vais demander qu’il me pousse des ailes et je vais m’envoler loin de toi.
– Tu vas attendre longtemps ! Pauvre innocent, tu ne sais rien de l’église.

– Ah bon ? Qu’y a t-il à savoir que j’ignore ?
– L’église à toujours su. Il y a 1500 ans l’humanité pensait que la Terre était le centre de l’univers, l’église connaissait déjà l’existence des galaxies. Il y a 500 ans, mis à part Aristote, tout le monde pensait que la Terre était plate. Avant ton rêve, tu aurais été prêt à parier que nous étions la seule race avancée sur cette planète. L’église, quelque soit la forme qu’elle a pris au fil des âges, a eu des contacts avec les extra-terrestres, et ce depuis des millénaires ! Tu veux m’épater avec la Bible parce que tu crois avoir compris quelque chose alors que tu ne l’a lue qu’en diagonale ? D’après le dernier chapitre de la Bible, l’Apocalypse, l’Antéchrist établira une langue commune à toute l’humanité dans le cadre d’une gouvernance mondiale. Si tu veux avoir un avis sûr, tu ferais mieux de te fier à moi.

– Quand Jésus dit : « aimez-vous les uns les autres » la bible ne nous donne t-elle pas l’arme la plus puissante contre nos maîtres en nous faisant comprendre que l’unification de l’humanité est justement la clef ?

Le Christ sur la croix, Gustavia 1987

– En ce qui concerne Jésus, je te l’accorde. Mais ne me parle pas de la bible qui a été entièrement remaniée. As-tu lu les évangiles apocryphes ?
– Non, j’ai encore perdu à ton jeu de savoir.
– Dans l’Évangile des Ébionites, Jésus est végétarien, il ne mange pas la viande de pâques.

– J’adore ! Tu vois, ça ne m’étonne pas plus que ça, je trouve ça même logique.
– Ah bon ? Tu trouves logique que Jésus s’amuse à transformer des figurines d’argile en petits oiseaux qui s’envolent, cité dans l’Évangile de l’enfance selon Thomas ?

– Toujours cette pointe de communisme en toile de fond, hein ?
– Bien sûr que non ! Je ne te dis rien qui ne puisse être vérifié et approuvé comme source fiable. Connais-tu les évangiles gnostiques issues de la bibliothèque de Nag Hammadi, découverte en 1945 au Sud de l’Égypte ?
– Je ne connais pas la signification du mot gnostique, alors combiné à une précieuse évangile qu’on a gardé secrète des millénaires, tu penses !
– Ces évangiles ont été écrites par des chrétiens antiques. L’Église des deux premiers siècles de l’ère chrétienne était divisée en deux groupes : les chrétiens orthodoxes et les gnostiques. Les chrétiens orthodoxes reconnaissaient les livres de notre Bible actuelle, alors que les gnostiques avaient une autre vision de la Bible, de Jésus-Christ, du salut, et de toutes les doctrines chrétiennes fondamentales. Ils ne s’appuyaient pas sur les écrits des apôtres comme nous le faisons pour justifier leurs croyances.

– Oh ! Tu veux bien me dire quelles étaient leurs raisons ?
– Il n’y a rien de plus simple à comprendre. Jésus avait laissé aux hommes des écrits de sa main se résumant à une vingtaine de pages de ce qu’était l’humanité à travers l’univers. A partir de cette connaissance fondamentale, bien qu’ils utilisèrent des noms d’apôtres comme Thomas, Philippe et Marie, ils écrivirent ce que nous avons appelé « Les Livres Perdus de la Bible ». Ils ont été rejetés par les premiers pères de l’Église, déclarés à l’unanimité comme des contrefaçons hérétiques et hors de la foi chrétienne authentique.
– Quelle ouverture d’esprit ! C’est déjà le début de l’inquisition, que disaient les textes ?
– Justement, ça va te plaire ou te faire rire. Ces textes sont axés sur la nature divine du Christ comme le sont tous les écrits des évangiles gnostique, insistant sur le rôle de sauveur de l’humanité qu’à joué Jésus. Ces écrits donnent aux croyants des clefs pour trouver le salut en appelant à ne pas être centré sur le monde matériel, mais sur la recherche spirituelle de la vérité. L’un des écrits les plus connus est l’Évangile de Philippe. Il évoque une relation intime entre Jésus et Marie-Madeleine qui sont mariés. L’épouse de Jésus est de sang royal et non une prostituée comme la bible nous l’a fait croire.
– Ça ne me fait pas rire. Ça confirme ce que je pressentais depuis un moment. C’est énorme quand même, j’ai presque du mal à intégrer cette réalité tant elle est opposée à l’enseignement que j’ai reçu. Tout a été inversé, n’est-ce pas ?
– Mieux, tout se relie, « l’histoire est un mensonge que nul ne conteste » tu te souviens ?

– Napoléon Bonaparte ! Ces phrases surgissantes qui bondissent dans mon cortex frontal c’était toi ? J’avoue que je me suis souvent demandé quelle était la raison de leur existence dans mon cerveau limbique. Je me disais qu’il devait avoir une bonne raison pour qu’elles soient là sans avoir été apprises.
– J’ai longtemps cherché la signification de cette citation emblématique étant jeune :



« Si vous demeurez dans ma parole vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira. »

– Elle est de jésus. Elle ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de la CIA. Un oubli de la censure de l’époque, à n’en point douter. A moins qu’au sein de l’église, il y ait des initiés qui œuvrent à la libération de l’homme ?
– Il est probable que les membres du Prieuré de Sion créé en 1099 après la première croisade œuvrent toujours. C’est la loi de la polarité. Les forces contraires cherchent l’équilibre. Combien sont passés sur le bûcher faute d’avoir découvert le pot aux roses ? Combien ont été accusés et jugés par l’Inquisition pontificale introduite dans le royaume de France par le pape Grégoire IX pour effacer toutes traces de vérité ? Dois-je te rappeler que les femmes étaient brûlées arbitrairement par l’Église lors de la chasse aux sorcières ? Ça fait aussi partie de l’histoire, même si cette abjecte réalité est dure à entendre.
– Ça confirme surtout mon rejet envers cette matière qui me donne des frissons.
– Trois dizaine de milliers d’accusés ? Quatre ?
– Ça ne fait pas un peu beaucoup ?
– Je te parle de trois siècles d’inquisition Espagnole dont on a pu avoir les chiffres. Le nombre dépasse le million si l’on additionne tous les pays sous le règne de l’inquisition. Quelque soit le chiffre avancé, nous serons toujours loin du compte. Si l’ancien testament écrit dans les années 30 après Jésus-Christ date de presque deux mille ans, l’église n’est âgée que de la moitié. Ce dernier millénaire, tout ce qui a dérangé l’Église a disparu de la circulation, tu peux en être sûr. Demande à Jeanne d’Arc ce qu’elle en pense, elle qui au nom de Dieu a sauvé la royauté française des anglais. Comment crois-tu que l’église soit devenue richissime en prenant la place de premier propriétaire immobilier de la planète ? Avec la quête pour les pauvres ? Elle a commencé par s’approprier les biens des condamnés, qu’ils soient accusés à tort, emprisonnés, vendus ou brûlés, c’était la chasse aux païens. Elle aussi cherchait de l’or. C’est l’une des raisons qui a poussé la sainte inquisition à être d’une sévérité extrême, mais n’est-ce pas la définition exacte du mot draconien passé dans le langage courant ?
– Heureusement qu’il n’y avait pas de communistes à cette époque ! Skuze, je déclone.
– Après ces exécutions et déportations de masse, l’église a fait le nécessaire pour que tous les registres incriminants disparaissent. Dans quelques générations à peine, quand il n’y aura plus d’écrits et que l’histoire de l’humanité sera informatisée, les faits seront diminués, puis réduits à néant pour enfin êtres inversés. Ce sera l’église la victime. Un autre pan de la vérité sera effacée, l’histoire sera réécrite. Un ordre religieux nouveau apparaîtra, se présentant comme le sauveur de l’humanité. Il en a toujours été ainsi. Mais face à la tromperie une fois mise à jour, même les hommes de foi se révolteront, c’est dans la nature humaine. La partie engagée il y a des millénaires n’est pas finie.

– Je te crois. Toute cette machination, toute cette cruauté me donne envie de vomir.
– Ils sont allés trop loin, depuis trop longtemps, avec leurs hôtels des sacrifices que l’on retrouve dans les fouilles partout sur la planète. Ces anciens rituels qui consistaient à offrir notre sang à certains Dieux ne peuvent être d’origine humaine. Tu ne trouves pas qu’il y a un truc qui cloche ? D’où vient cette obsession d’offrir son sang en sacrifice à ces Dieux ? Ne faut-il pas être profondément taré pour boire de l’hémoglobine ?
– C’était il y a longtemps, maintenant les curés boivent des AOC millésimés.
– Ne fait pas comme si les jésuites avec un soleil noir comme emblème n’avaient jamais été des tortionnaires ! Comme si elle n’avait pas inventé des instruments de torture comme le berceau de Judas ! Le Saint-Barth Vidéo Club vient de recevoir « Le Nom de la Rose » avec Sean Connery, loue-le. Ça te donnera un bref aperçu de ce qu’était la logique de pensée inquisitoire sataniste de cette époque médiévale durant le XIVe siècle.
– Je suis d’accord, je suis d’accord ! Inutile de monter dans les tours.
– De tels supplices ne peuvent pas provenir d’humains pour détruire leurs semblables, pas dans de telles souffrances physiques et surtout émotionnelles. Ces Dracos sous apparence humaine se nourrissent de nos émotions et de notre sang. Ils ont toujours profité de nous.

– Je ne te demanderai pas les détails. J’ai eu mon compte, je ne peux pas te dire mieux ! Quel bazar. Entre les forces maritimes qui passaient leurs temps à se tirer dessus pour s’accaparer l’or des peuples du monde et l’inquisition qui se servait de l’hérésie à toutes les sauces pour torturer et s’emparer des biens d’une centaine d’accusés par jour, on se demande comment Copernic et Galilée qui ont découvert le système héliocentrique ont pu rester vivants face à cette gestapo médiévale orchestrée par les Dracos !
Même si les Rois-Mages l’avaient reconnu comme étant l’enfant Roi, je comprends mieux pourquoi j’ai mis si longtemps à accepter les écrits tels qu’ils étaient concernant la naissance du Christ. Si l’on considère que Jésus était un esprit bienfaisant qui devait se réincarner dans un corps humain non contaminé par les nanites draconiennes, j’admets que Joseph ait pu se joindre à Marie qui accepta de porter l’enfant envoyé par nos créateurs pour nous venir en aide. Comment refuser de devenir la mère de celui qui  deviendra le porteur du message ? Ça se tient quand il est question de sauver l’humanité. Les humains doivent posséder quelque chose de peu commun pour qu’on tienne autant à les sauver du mal, mais de quel mal s’agit-il ? Quel est l’intérêt de sauver l’humanité si on en retire pas quelque chose en échange ? Doit-on éviter l’apocalypse ? Serons-nous capables de changer le cours de notre histoire en évitant la fin des temps ? Il y a de quoi s’emmêler les pinceaux ! Sauf que ce coup-ci, avec les écrits du nouveau testament nous sommes avertis à l’avance. Il est question d’Antéchrist à présent. Comment va t-il arriver à nous convaincre sous son apparence de sauveur qu’il est lui aussi un bienfaiteur ?
– Comme jésus l’a fait, en guérissant les malades par la maitrise du vivant.

– Les miracles ! La formule qui arrive à convaincre tout le monde, ça m’avait échappé !
– Tu as marché sur une mine ? Il te manque une jambe ? Il a la technologie cellulaire pour que la jambe repousse comme le fait naturellement la queue des lézards.
– Extra !
– Tu as faim ? Avec le réplicateur plus personne n’aura faim. C’est encore mieux que la multiplication des pains de Jésus ! Mieux que le Graal qui produit une nourriture miraculeuse se renouvelant chaque jour ! Mieux que la corne d’abondance au contenu inépuisable, fournisseur de mets et de boissons dont la mythologie celtique et indo-européenne font souvent mention !
– Génial ! Alors ça a vraiment existé ? Est-ce qu’on peut avoir de l’Orangina bien secoué ! Non ? Ça ne réplique pas les bulles ? C’est bête, j’aimais bien cette boisson.
– Tu inventeras le code de l’hydromel si ça peut te faire plaisir. Écouter de la musique sera un jour gratuit, mais ce ne sera pas par philanthropie. Comme tu t’en doutes, la musique agit sur nos émotions, l’impact des ondes et le choix des fréquences arrivent à déclencher des mécanismes psychiques influant sur le projet de société qu’elles cherchent à nous imposer tel Mickey Mouse jouant à l’apprenti-sorcier dans Fantasia. 

– Mince ! Je ne l’ai pas vu ce dessin animé.
– La prière et les chants religieux sont un conditionnement de l’esprit. Seuls les élèves obéissants et studieux font de bons chrétiens. J’ai compris ça très jeune, ce qui m’a poussé par la suite à approfondir mes recherches sur les mécanismes de contrôle du cerveau humain. La musique harmonise les liens entre les individus d’une même communauté, c’est un fait. Il n’y a pas besoin de paroles pour faire passer un message. Mozart et Beethoven pour ne citer qu’eux maitrisaient parfaitement la chose. 

– Ah bon ? Et comment s’y prenaient-ils ?
– Par la musique narrative qui raconte une histoire, la musique illustrative qui évoque une image, et la musique absolue qui n’existe que pour elle-même. Tu devrais le savoir toi qui passe ton temps à en écouter ! 

– J’avais bien saisi les nuances, mais je n’avais pas les mots pour décrire ces genres.
– Dis-toi que l’industrie musicale utilise ces techniques subliminales et bien d’autres encore comme l’hypnose collective qui lui permet de prendre le contrôle de la jeunesse en l’imprégnant inconsciemment de messages pervers qui influenceront immanquablement leur existence. La musique à haute dose conditionne la jeunesse en orientant ses goûts, en guidant ses idéaux, en exacerbant sa façon de se comporter, en incitant ses tenues vestimentaires et en inspirant son relationnel sexuel. Elle formate les esprits à coup d’électrochocs auditifs au point de pouvoir abuser massivement des individus qui se sont laissés séduire par un genre, un style, une histoire, une situation exceptionnelle. Tu veux un exemple ? Il n’y a rien de plus puissant pour y parvenir qu’un concert rock. En 1969, abasourdi par les décibels, la jeunesse qui s’est rendue au festival de Woodstock a été victime d’une expérience grandeur nature. Durant quatre jours, sous des déluges de pluie, ce festival a été le plus grand rassemblement d’une jeunesse principalement portée par le mouvement hippie qui se caractérisait par son refus du consumérisme, son rejet des valeurs traditionalistes et sa lutte contre la guerre du Vietnam. Noyée dans la boue et les psychotropes distribués à volonté, l’expérience visait à créer une altération exploitable de la personnalité sur le plus grand nombre. Le L.S.D annoncé par l’Agence Centrale comme arme chimique, provoqua des émotions collectives si intenses qu’elle marqua le psychisme des individus présents pour la vie. Les hippies avec leur « Peace & Love – Make Love, Not Money » et leur contre-culture « Flower Power » se sont mis plus qu’un doigt dans l’œil. Rien n’a changé. Sauf pour certaines firmes pharmaceutiques ayant pignon sur rue qui ont surfé la vague pour s’en mettre plein les poches. 

Pour en revenir à l’industrie du disque, elle connait sur le bout des doigts la puissance intrusive dont elle dispose pour influencer les masses. Ce sont les majors qui décident qui aura du succès ou non selon le contenu, le style et le message à faire passer d’artistes qui ne sont ni auteurs, ni compositeurs, mais qui sont prêts à tout pour accéder rapidement à la célébrité.
– Les artistes n’ont pas de managers pour les protéger des majors ?
– Les managers sont des agents de contrôle psychologiques qui ont pour mission de gérer le message à faire passer sans sortir de la trame officielle. Produire des titres et en faire la promotion coûte des millions. Très peu d’artistes arrivent à enjamber le système qui finit par les faire taire par un bombardement de critiques incendiaires. Les médias censés faire office de contre-pouvoir sont entrain d’être rachetés les uns après les autres par l’oligarchie, devenant ainsi une arme à double tranchant. D’un coté, s’ils ne relatent pas un fait, ça n’existe pas. De l’autre, ils ont le pouvoir de monter en neige un incident de parcours en le rendant abject. Le pouvoir peut compter sur le système médiatique pour en informer le public assoiffé d’horreurs. Le journalisme qui dénonçait les affaires comme ça se faisait dans les années soixante n’existe pratiquement plus. Si la réputation de l’artiste incriminé est massivement salie, toujours par la même méthode pour démolir un individu, ses fans finiront par le rejeter, qu’il soit condamnable ou pas. 


– Le poids des mots, le choc des photos par le quatrième pouvoir !
– Dans le mille. Avec la complicité d’artistes jetables prêtes à tout pour réussir, surpayées et légèrement vêtues pour attirer l’attention de la gente masculine, les majors anglo-saxonnes produisent un raz-de-marée musical pour réorienter la pensée de masse afin d’obtenir l’hégémonie culturelle planétaire. Le but est que nous réagissions tous de la même façon au même moment. C’est le programme en cours. Du moment que la musique est bonne en apparence, qu’elle a du rythme, qui se préoccupera de savoir pourquoi il n’a pas eu le choix de sélectionner ce qu’on lui à donné à entendre ?
– J’ai déjà entendu ce discours, c’est incroyable, c’est aussi ce que je pense.
– En utilisant les paroles des chansons, les dirigeants politiques quelque soient leur parti ont toujours utilisé la musique pour assoir leur influence sur les foules. C’est un classique. Un piège auditif qui sert à embraser les masses. La musique est aujourd’hui un moyen technologique pour se faire entendre de tous. Avec la sonorisation, ce sont des dizaines de milliers d’individus qui sont directement touchés par la puissance sonore. Faut-il encore que l’orateur soit bon et qu’il sache sur le bout des doigts de quoi il parle. Qu’il sente la foule, qu’il ait l’aptitude de prendre à chaque instant son pouls, qu’il arrive à la faire rire, la mettre en confiance, tout en lui affirmant une série d’évidence avec sérieux. Qu’il puisse à l’instant T faire monter la pression de l’injustice galopante jusqu’à ce qu’il lui fasse dresser les cheveux sur la tête au moment opportun, ou lui mette la chair de poule en lui annonçant une cataclysme d’un genre nouveau. Le totalitarisme ne sera plus institutionnel mais musical de par son accessibilité. Gratuit, mais trié. Comme plus personne ne lit, comme les livres des plus grands penseurs des siècles derniers ne sont plus réédités, voir jamais traduits pour certains, nous devons analyser nous-mêmes la situation dans laquelle nous nous trouvons. C’est pour cette raison que tu as nombre de réflexes conditionnés par les phrases que je t’ai soufflé en te faisant écouter de la musique durant toute ta petite enfance. Tu les as en toi.

– Jimi Hendrix ne s’était pas encore fait un nom en 1963 !
– Non, en effet, j’ai utilisé de la musique instrumentale interprétée par Stan Getz, Louis Armstrong et Sidney Bechet. Une technique de mémorisation que j’ai inventé avec des phrases clef liées en miroir à des chorus précis. 

– Voilà ! Je comprends pourquoi je suis attiré par cette musique, je comprends aussi pourquoi je me mets à réfléchir à des sujets sociaux ou physiques invraisemblables qui sortent je ne sais d’où ! Tiens, quand j’entends Petite Fleur de Sidney Bechet, j’entends Liberté et Marx ! Qu’est-ce que ça veut dire ?
– Fait tes recherches, je t’ai donné les lignes directrices, tu dois en trouver les finalités.
– J’ai déjà abordé ce sujet avec quelqu’un récemment, je ne sais plus qui, me gardais-je de lui dire qui c’était. Alors si j’ai bien compris, il faut aussi se méfier de la musique ?
– Bien sûr que non. La musique en elle-même est une excellente chose. Pour tout te dire j’ai adoré chanter à la chorale dans l’église de Mar-Vivo avant de me faire expulser pour esprit critique. Éprouver cette sensation de bonheur de faire partie d’une communauté orientée vers le bien, vers le bon, vers le beau est une belle expérience.
– Tu t’es fait virer pour quelle raison ?
– Quand tu te signes, tu prononces au nom du père, du fils et du saint-esprit. Ou est la mère ? Ne devrait-on pas dire au nom du père, de la mère et du fils ? Pourquoi la mère est exclue de la religion chrétienne alors qu’elle est reconnue dans les religions païennes à travers la symbolique des trois cercles que l’on retrouve partout sur les anciens bâtiments religieux ? Ceci dit, c
ette petite église avait une réverbération exceptionnelle et des pouvoirs étonnants. Trop petite pour les fidèles, ils l’ont vendue. C’est une pizzeria disco-gothique maintenant. Un vrai sacrilège pour les chants religieux guérisseurs. Ce n’est pas pour rien que les fréquences sacrées sont restées des siècles un des trésors caché de la chrétienté. C’est dans la musique industrielle que s’insinue la société de consommation.
– Des fréquences bonites ou bénites ? J’ai mal entendu !
– Tu n’en rates pas une !

– Écoute, depuis deux heures tu me racontes des choses dont le commun des mortels n’a pas idée. Ne soit pas étonnée si j’ai du mal à te suivre ! Je n’ai pas souvenir d’avoir entendu dire en pleine rue :
– Yo la phocéenne ! Quelle fréquence sacrée avez-vous écouté au pied levé ce matin ?
– De la 528 hertz monsieur Brown, c’est miraculeux, con ! Qu’en pense monsieur Green ?
– Oh madame blue ! Je me soigne avec de la 396 qui me soulage des mes hémorroïdes !
Tu as tort de te moquer de cette science que tu ignores. La fréquence 396 développe l’harmonie intérieure. Elle efface les peurs irrationnelles et les phobies. Elle évacue les pensées négatives, l’inquiétude et améliore l’estime de soi. Tu en as grand besoin.

– J’ai dit ça au pif m’an. Sans rire, tu es sérieuse ?
– Mais non, je plaisante comme toi, toujours à dire des bêtises en toutes circonstances.

– Qui es-tu image de ma mère ? Tu rayonnes trop, tu n’es pas ma mère depuis un moment. Es-tu un ange envoyé des Dieux ? As-tu pris l’apparence de ma mère selon une volonté divine pour me transmettre un message ? Ai-je une mission à accomplir ?
– Il est bientôt l’heure pour moi, le temps que je devais te consacrer est presque écoulé.

– Ah non ! Ce n’est pas du jeu. J’ai plein de questions à te poser.
– Ne sois pas si pressé Marc-Éric, le temps viendra où tu comprendras le relationnel que tu as avec l’univers électrique, mais avant ça, tu devras vivre nombre d’expériences qui te mèneront peu à peu vers la lumière céleste.

– Ça ne serait pas mieux si je savais quoi faire dès à présent ?
– Que veux-tu faire ?
– Justement, je ne sais pas.
– Que veux-tu alors ?

– A présent ? Je ne vois pas, je suis tellement bien ici. M’envoler vers d’autres cieux ?
– Tu n’as pas d’ailes, tu veux vraiment sauter dans le vide ? Non ! Alors, c’est tout ?
– Je n’ai besoin de rien pour être heureux, c’est ça la réponse que je cherche ?
– C’est ce que tu ressens en toi qui a de l’importance, l’air que tu respires, la nature qui t’entoure, la mer dans laquelle tu plonges, le sable sur lequel tu t’étends les yeux perdus dans l’immensité du ciel en ne faisant qu’un avec la création, pas ce que tu possèdes. Quand tu auras atteint cet état de sérénité, alors le bruit ambiant de la société de consommation n’aura plus d’emprise sur toi.

– Et si je décide de vivre une vie normale comme les autres ?
– Tu es libre d’orienter ta vie selon tes désirs. Tu peux vivre ton existence comme bon te semble selon tes envies. Cependant, tu devras toujours être conscient de savoir si ce sont tes désirs qui te contrôlent ou si c’est toi qui contrôle tes envies répétitives. Si tu arrives à être toi-même ou si tu copies machinalement le mode de vie imposé par d’autres qui n’est pas forcément ce que tu aurais voulu être. Tu as nombre d’objectifs. Certains n’ont été qu’un caprice de collectionneur tant tu t’en es peu servi. Quelle est ta logique dans cela ? Tu as du travailler dur pour les obtenir, prendre sur ton temps de vie, te priver de beaucoup de temps libre pour qu’en définitive ils restent dans leur boite ? Tu dois trouver une morale à tes actes irréfléchis. Le bonheur n’est pas dans une boite d’objectif. Mais je te le demande, où est cette plénitude intérieure que tu cherches tant, si ce n’est en toi ?

– La photo m’apporte beaucoup de plaisir, de la détente aussi, de la tranquillité, du silence. Elle m’a rééquilibré. J’ai autant d’objectifs que de sujets à traiter. J’ai juste pris un peu d’avance, me défendais-je, matérialiste dans l’âme.
– Justement, j’y viens. La façon dont tu ressens et tu penses ton instant présent ne devrait-elle pas être déterminée uniquement par ton conscient ? Demande-toi pourquoi tes pulsions sont-elles plus fortes que ton mental ? Tu fais la course avec qui ? Pour épater qui ? Pour dépasser qui ? Pour rééquilibrer quoi ? Est-ce que ton bien-être vient de l’extérieur et si oui combien de temps dure t-il ? Quelques secondes quand tu ouvres la boite et ensuite ? Il te faudra ouvrir combien de boites pour avoir cette sensation de bien-être permanente ? En fait, si tu es juste avec toi-même, la réponse est non. Mieux vaut te parler avec franchise, la course à l’obtention de la plénitude par les plaisirs ou le pouvoir comme le font les milliardaires qui t’entourent est une course perdue d’avance. L’argent apporte l’abondance qui est la première cause de leurs souffrances physiques et mentales. Ils peuvent avoir tout le confort qu’ils souhaitent, des fauteuil relaxants télécommandés pour éliminer leur stress, la nourriture la plus chère qu’ils désirent, les vêtements les plus tendance dans les matières les plus rares, les voitures les plus chères, des yachts les plus luxueux, les jets privés les plus rapides, des villas gorgées d’abondance partout sur la planète, des buildings plus haut les uns que les autres, des usines à Singapour ou à Bangkok pour réduire au minimum leur fiscalité, mais ils resteront aveuglés par une pression permanente de gain et de compétitivité. Leur expérience de la vie ne s’améliore pas, parce que contrairement à ce qu’ils croient, leur bien-être ne peut venir de l’extérieur. Que tu me croies ou pas, nombre d’entre eux vivent un enfer dans leur esprit. L’argent n’y change rien. Quelque soit la nature de leurs expériences, qu’elles soient agréables ou désagréables, elles sont créées en eux-mêmes. Ils n’en ont pas conscience, mais leur intelligence s’est retournée contre eux en accaparant tout leur temps. Ces gens pour arriver là où ils en sont ont du parler business et y réfléchir vingt-quatre heures sur vingt-quatre. C’est devenu une habitude qui s’est imposée à leur mental en déterminant leur façon d’être. Ils s’évertuent à contrôler l’extérieur alors que le bonheur ne peut provenir que de l’intérieur. Il est primordial de chercher à se recentrer sur soi-même, écouter sa voix intérieure pour parvenir à une relation symbiotique qui guidera l’humanité vers un avenir meilleur.

– Ah, formidable ! Alors si je parle à ma mère, je demanderais si ce beau discours s’applique aussi à elle et si je parle à un ange qui cherche à m’aider ou à ma voix intérieure qui me prodigue de sages conseils, je lui dirai simplement merci, c’est noté. J’ai besoin de laisser décanter. Cette notion pour le moins contraire à celles que j’ai apprises m’oblige à me purger de mes valeurs sociales de façon abrupte, je ne suis pas prêt pour l’instant. Allô, allô ? Il y a quelqu’un ?

Personne. Il n’y avait plus personne avec moi en haut de l’antenne des télécoms où je me trouvais maintenant seul. J’étais dans le même état de confusion qu’à la sortie du long métrage The Wall des Pink Floyd vu cinq ans plus tôt dans la grande salle du Gaumont Place de la Liberté à Toulon. Je n’avais plus de points de repères, plus de valeurs, plus de certitudes, plus rien à quoi m’accrocher. J’étais vidé de tout raisonnement susceptible de parvenir à une conclusion. Victime de ma réflexion permanente, victime de chercher partout sauf là où il le fallait, victime de vouloir m’élever par l’apparence, le savoir-faire, l’instruction, l’originalité. La seule chose dont j’étais sûr, c’est que j’étais perdu, là haut, avec cette sensation de chaleur tropicale qui me collait à la peau.

– Buvez cette tisane Marc-Éric, je l’ai préparé spécialement pour ce que vous avez, me demandait ma voisine retraitée et active.
– Mutti ? demandais-je en sortant à peine de mon rêve.
– Vous avez de la fièvre, ce n’est pas étonnant avec cette épidémie de dengue. Je vous ai entendu éternuer cette nuit, le mur n’est pas très épais, vous savez. Changez de tee-shirt quand vous aurez fini, vous êtes trempé. Je vous ai apporté un thermomètre et une une bassine pour que vous puissiez faire un bain de siège si jamais vous dépassez les trente-neuf cinq. Il n’y a rien de mieux que la fièvre pour anéantir les microbes. 

– Il y a du citron dedans ? C’est corsé ! Je n’ai plus de voix.
– Vous êtes jeune et fort, vous résisterez.
– Je déteste être malade. C’est chaud ! lui disais-je après avoir porté le bol à mes lèvres.
– Vous n’êtes pas malade, vous faites une crise de guérison.
– Comment ça ?
– Votre système immunitaire combat par la chaleur les virus, les bactéries et les autres pathogènes qu’il juge indésirable tout en gardant en mémoire la formule des anticorps qu’il a élaboré pour ne pas faire de rechute. Vous êtes entrain de vous immuniser. Il ne faut pas empêcher votre corps de se nettoyer en cherchant à abaisser la température trop rapidement, bien au contraire. Vous devez voir ce qui vous arrive comme une bonne chose.
Je passerai vous voir toutes les deux heures. Je vous déconseille l’eau fraiche.
– Pourquoi ?
– Parce que l’écart de température entre l’eau glacée du frigidaire et celle de votre corps est inférieure de trente degrés. Votre organisme va dépenser une énergie folle pour rééquilibrer sa température de fonctionnement. Vous croyez vous donner un coup de fouet en buvant frais ? Il n’en est rien. Vous dépensez inutilement votre énergie pour rééquilibrer votre température interne. Les Touaregs dans le désert Saharien avec qui nous ne pouvons rivaliser question survie, ne boivent que du thé chaud. Allez, buvez, il ne faut pas vous déshydrater et pensez dorénavant à boire l’eau à température ambiante. Conseil de Mutti. Gardez toujours en tête que votre système immunitaire travaille pour vous et qu’il en sait bien plus que n’importe quel praticien occidental.

– J’ai du mal à respirer, prenais-je soudainement conscience de mes poumons obstrués.
– Cette tisane contient un antiviral efficace, elle va vite faire effet et vous aider, me souriait-elle. Ayez un peu de patience et buvez chaud.

– D’accord. J’ai mal partout, mes doigts me font mal, je suis rouillé !
– Bien sûr que non ! Positivez et essayez de jeûner trente-six à quarante huit heures. Votre système digestif n’a pas besoin d’être surchargé de travail, il a déjà beaucoup à faire avec cette méchanceté qui n’a pu être créée par notre seigneur !

– Oh la vache ! J’ai une crampe du gros orteil !
– On a pas le temps de s’ennuyer avec vous ! Mettez-vous debout. Vous êtes chargé d’électricité statique. Allez vous prendre une douche, gardez bien les pieds mouillés en contact avec le sol. Je vais chercher mes H.E. et reviendrai pour vous frictionner.

– Merci Mutti, vous me sauvez la vie, je ne pourrais pas faire la même chose pour vous.
– Mais si voyons, entre voisins on peut se rendre de petits services. Quand ma voiture à un rhume, je fais bien appel à vous ! riait-elle de son humour d’une autre époque.

Mutti traversait l’encadrement de la porte restée ouverte. La paix revenait dans mon studio d’Anse-Des-Lézards. Pour rompre le silence trop pesant, j’allumais mon poste radio réglé sur Radio Saint-Barth, pile au moment ou l’on pouvait entendre sur fond musical, un fort accent Patois reconnaissable entre tous s’exprimant en Français  :

– Après Les Chouchous de Fridolin, voici Voyage Caraïbe avec Fri-fri l’unique, qui va vous Dodo-Linlin d’seize heures jusqu’à dix-neuf heures en non-stop music !
– Champion du monde le gars, ça c’est du style, la classe totale ! montais-je le son.
– Pour leur plaisir personnel, le décollage commence avec le tube « Hot Hot Hot » d’Arrow, repris par les Supers Boys Combo de Corossol. Ce titre est dédié aux belles jumelles Marie-Paule & Marie-Patricia Brin qu’ont hérité des deux prénoms d’leur papa qui attendait un garçon annoncé par le médecin. Bravo docteur !
– Heeeey ! m’écriais-je, comme si Fridolin pouvait m’entendre, je les connais ! C’est vrai qu’elles sont belles les jumelles de Saint-Jean !
– On m’le demande souvent, alors Fri-Do l’In-ternational enchainera avec « Tiny Winey » de Byron Lee & the Dragonaires d’la Jamaïque spécial’ment pour vous chers auditeurs, restez branchés sur R.S.B !
– Je suis toute ouïe Frido, vas-y envoie la zique ! lui disais-je alors que je m’empressais de rejoindre les toilettes sur la pointe des pieds pour ne pas en perdre une miette.
– Lin-Do-Fri l’inimitable fera suivre avec le Top ! « Rock It » par Merchant de Trinidad !
– Attend-moi Frido, une seconde, j’arrive ! l’avertissais-je en attendant que la goutte tombe.
– Vous êtes à l’écoute de la meilleure radio de l’île qui émet en direct de Colombier. Je vous promet qu’aujourd’hui  les platines vont tourner et que les amplis  vont chauffer !
– Fait chauffer, fait chauffer Fridolin ! Quel comédien, je n’entends rien ! m’impatientais-je en attendant l’eau chaude de la douche alors que la musique d’intro arrivait à sa fin.
– Plus malin qu’un maringouin, plus magicien qu’un lapin, plus pèlerin qu’un requin, c’est 🎶🎶 Fri-Fri, Do-Do, Lin-Lin 🎶🎶 et y’a pas l’même à Saint-Martin ! Bon voyage les copains, vive les années 80 ! finissait-il sa présentation en lançant la seconde platine disque SL1200 Mk2 Technics qui démarrait au quart de tour.
– Ouah l’enchainement ! Splendide ! Bravo Fridolin, j’adore ce titre ! Un coup de serviette et je suis là ! m’enthousiasmais-je dès l’introduction de la première mesure. Feeling hot-hot-hot ! chantais-je le refrain à haute voix dans mon studio. Je rejoignais ma chambre à coucher alors que j’étais encore savonné par endroits, m’étant rincé à toute vitesse.

Avec l’énergie des ondes radio que Fridolin-La-Bonne-Humeur distillait aux habitants de l’île, mentalement j’étais déjà guéri. Je n’avais plus mal nulle part, même mes pensées les plus sombres s’étaient évaporées. La musique Caribéenne me permettait de me réinitialiser en m’évadant dans un monde fait de blondes, de blanches, de noires et de cloches comme l’aurait dit Claude le Corossolien. Je retournais sous la douche ayant oublié de m’enlever le savon sous les bras, en profitais pour changer de sous-vêtements et de tee-shirt. L’instant d’après, je m’asseyais au centre du lit, souriant à la vie qui avait bien voulu accorder une suite à mon existence. Content d’être vivant, je savourais chaque titre en attendant le final de l’émission où Fridolin ne manquerait pas de dire à ses auditeurs :

Fri fri va faire dodo et Linlin vous dit à deux mains !

Comme c’était bon d’atterrir à nouveau à Saint-Barth ! Comme je l’aimais cette île, cette ambiance ! Comme j’aimais les natifs du caillou ! Pourquoi devrais-je me compliquer la vie avec ces allégories déstabilisantes alors qu’à Saint-Barth la vie était si simple ? J’avais à nouveau envie d’espace, de mer, d’aller faire un tour sur la plage de Colombier pour m’immerger de vert émeraude et de bleu turquoise.

– Eh bien dites-moi, ma tisane a fait des miracles ! annonçait Mutti. Ça va beaucoup mieux on dirait, il y a de l’ambiance ici ! Vous allez pouvoir vous frictionner tout seul ?

A suivre…

Mer de la Tranquillité, Colombier, Saint-Barth 1987

Rédigé le 7 Mai 2022
Texte & dialogues : Marc-Éric

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