Il faisait mi-figue mi-raisin en ce début de matinée à Saint-Barth, le ciel était coupé en deux, comme tranché au couteau. Mon jus de papaye dans le ventre bu à grandes gorgées, mes chaussures en main, je sortais de mon studio que je fermais à clé pour rejoindre Claude qui m’attendait dans sa voiture prêt à partir pour la plage de Grand-Galet. J’avais le front chaud, le ventre froid, le nez qui coule et les gestes au ralenti. Il y avait du sable fin sur la galerie m’informait la plante de mes pieds. En descendant prudemment une à une les marches glissantes de l’escalier carrelé, je sentais l’air humide chargé d’eau entrer en contact avec mon visage. Nul besoin de station météo pour voir que le temps allait se gâter avant la mi-journée. Mon ombre habituellement projetée au sol ne l’était plus. Était-elle resté étendue sur mon matelas en mousse, atteinte de clinophilie passagère ?
Avant d’ouvrir la portière, la tête relevée, j’inspirais un grand bol d’air marin et prenais une pause de dix secondes. Arrivant d’Afrique Occidentale, se montrant menaçants, tout le coté Nord-Est était chargé d’un énorme banc de cumulonimbus collés les uns aux autres. Ces monstres vaporeux de quinze kilomètres de haut qui pouvaient contenir trois millions de litres d’eau chacun faisaient pour l’instant office de diffuseurs, tous saupoudrés de sable du désert saharien au point d’en avoir perdu leur blancheur. J’avais du mal à dire où était le soleil ce matin. Cette énième cellule orageuse gigantesque contrastait fortement avec l’immense espace bleu du Sud-Ouest où l’on pouvait contempler un ciel exempt de la moindre tâche cotonneuse. C’était extraordinaire de pouvoir prendre quelques secondes pour s’émerveiller de cette vision céleste. Le spectacle grand angle me ravissais.
Je n’entendais pas de tonnerre au loin, n’étais pas atteint par la moindre petite goutte de pluie descendue en éclaireur. Sans pouvoir l’évaluer avec exactitude, j’additionnais les masses d’eau dans en supposant que ça devait faire des dizaines de millions de litres. Chacune des gouttes qui se donnaient la main devaient avoir la flemme de se laisser tomber de leurs nuages respectifs, préférant contempler le panorama d’en haut en traversant l’arc Antillais, tendant l’oreille pour pouvoir zouker sur la musique locale. Il aurait suffit qu’une seule goutte commune saute dans le vide, pour que toutes les autres suivent en détricotant l’ensemble de l’édifice aérien. Je comprenais leur réticence à se décider. Quoi de plus excitant que de faire le grand saut, mais il fallait prendre en compte le fait de remonter là-haut à chaque fois, recommencer inlassablement sous cette chaleur épuisante. C’était l’inévitable loi de la nature quand on n’était qu’une goutte d’eau. Pour moi, c’était une vraie journée à ne pas mettre le nez dehors. Un jour parfait pour se reposer, rêvasser. Contrairement à mes habitudes d’être occupé en permanence, pour une fois j’avais envi de ne rien faire, ayant toujours en moi cette désagréable sensation de ne pas pouvoir dire avec certitude si j’étais éveillé ou endormi.
– Alor’ ! Sé pou ojordi o pou demin ? Sé pa l’mouman d’véyé lé sisi Bon Dieu bouaye !
– Tu as vu ça ? répondais-je la voix enrouée. Hemmm hemmm ! me raclais-je la gorge. Trente tonnes de flotte par nuage, il y en a un, deux, trois, quatre, cinq, dix, vingt, trente… C’est fou ! Je ne peux pas compter ceux qui sont derrière !
– Sa s’ré mieu si la pli tombé dan lé siterne !
Le trajet m’avait semblé durer une cuillère à café remplie de secondes. Durant la course éclair, Claude m’avait parlé d’un remplacement d’un élément sur un éclairage plafonnier de galerie, mais je n’avais entendu, tassés les uns contre les autres, qu’une suite de mots verticaux indéchiffrables. Nous arrivions chez le client situé à deux pas de l’église de Gustavia pour remplacer je ne savais plus trop quoi, mais je me souvenais d’une chose, je devais prendre l’escabeau. Pressé de résoudre ce problème qui n’en était pas un, je sortais ce marche-pied pliable du coffre comme venait de me le demander Claude, après avoir enlevé pelle et pioche posés par-dessus comme c’était le cas à chaque fois que je cherchais un outil qui par malchance, ne pouvait se trouver qu’en dessous d’une multitude d’objets. Je plaçais le marche-pied en aluminium sous le double tube fluo de la terrasse, le dépliait, montait dessus, conservais tant bien que mal mon équilibre et commençais à enlever les clips du cache en polycarbonate translucide quand j’entendais :
– Sak té ki fé la bouaye ? Té ki d’vien dzing dzing ? Sé pa s’ti la !
– Ah non ? Mince alors, je n’en vois pas d’autre !
– Sé d’lote koté d’la kaze. Ta pa ékouté sa k’ch’té di ?
– Non, j’avoue. J’ai la tête ailleurs. J’ai un mal fou à me concentrer. Ah si ! Ça me revient, on doit remplacer les tubes d’un mètre vingt, sauf les starters que tu as déjà remplacé, c’est ça ? lui demandais-je en contournant la maison par la galerie.
– Sé lé brume de sab’ ki mé ta tèt’ a l’enver’ ! Na dé moune konme moué ki suporte pa s’te méchansté la dan leu souflé.
– Comment ça se prépare un soufflet de méchanceté ? repositionnais-je l’escabeau.
– Sé kant’ lé zo d’l’èstonmac t’fé mal.
– Les quoi d’où ça ? grimpais-je les trois marches en aluminium.
– Kant’ sa criye su mou n’èstonmac ! tapotait-il ses poumons de ses mains.
– Ah ! D’accord, de la poussière dans les poumons ! Tu ne m’aurais pas imagé le mot, on y serait encore demain. Donc « souflé » pour poumons et « souflèt' » pour le gonfleur de roue ou le ballon du surpresseur, j’ai pigé.
– Vèye a toué ! m’avertissait le Capitaine alors que je perdais l’équilibre.
– Arrête de me faire peur, je vais me mettre à tousser perché sur ce minuscule escabeau !
– Té ki va t’foute bas, tchu en l’air !
– Oulà ! La mer est agitée aujourd’hui, j’ai des remontées de jus de papaye et l’impression d’être sur un bateau un jour de mauvais temps. Tout ce que j’aime ! Tiens, prends le cache, celui-là ne tient pas en place sur ses clips qui sont cassés. Dommage c’était bien pratique.
– Ch’kompran pa, jé remplasé lé deu néon la semin’n passé.
– Tu es sûr qu’ils étaient neufs ?
– Sèrtin ! Eu la fonksioné troi jour é a prézan, eu l’éklère pu !
– Tu as remplacé les starters ?
– Sé sa k’ch’té di ki fo k’on fé !
– C’est ça ! Je m’en souviens à présent, nous sommes venus remplacer les starters. Facile !
En les démontant, je passais l’un après l’autre les tubes électroluminescents à Claude et je remplaçais les starters maintenant accessibles. Ce devait être le même concepteur que la lampe de la chambre froide du Guanahani qui avait dessiné ce luminaire en cachant sous les tubes ce qui normalement aurait dû être accessible sans rien démonter. En deux clics de positionnement correspondant à une rotation de quatre-vingt dix degrés, les tubes étaient remis en place. Claude mettait l’éclairage sous tension en appuyant sur l’interrupteur mural. Je refaisais visuellement le parcours de l’électricité dans le câblage.
Avant que les filaments d’un tube ne chauffent pour permettre son allumage, la tension arrivait directement sur le starter composé d’une ampoule et d’un contact bilame. Le contact bilame en position ouvert était sensible à la chaleur. Le gaz ionisable de l’ampoule sous tension chauffait et fermait un court instant le bilame permettant le préchauffage du tube. Comme il n’y avait plus de tension aux bornes du bilame fermé, le gaz de l’ampoule n’étant plus ionisé, le starter refroidissait. Aussi vite qu’il s’était fermé, le bilame du starter s’ouvrait à nouveau. Ça provoquait une surtension au niveau du ballast qui se retrouvait entre les deux filaments préchauffés du tube. Un arc électrique s’établissait en émettant de lumière ultra-violette convertie en lumière visible par la couche de poudre fluorescente. Recouvrant l’intérieur du tube, cette dernière déterminait l’émission de la température couleur de jaune à blanc industriel. Le tout en une fraction de seconde. Le tube n’était pas suffisamment préchauffé ? Le cycle recommençait deux ou trois fois, jusqu’à ce que le tube s’allume de façon permanente, ce qui expliquait pourquoi les tubes fluo clignotaient à l’allumage contrairement aux ampoules à filament.
– Ça fait du bien quand ça fonctionne du premier coup, c’est pas vrai ? disais-je la voix cassée en me grattant la gorge, la main gauche sur mon cou. Tu devrais prendre l’habitude de les remplacer systématiquement. Ce n’est pas pour ce que ça coûte, mais ça évite de revenir chez le client qui ne comprend pas pourquoi ton intervention se solde par une éclairage qui ne fonctionne encore pas alors que les tubes sont neufs. C’est drôle, tu as l’air beaucoup plus petit vu d’ici. On dirait un petit bonhomme moustachu en G-Shock à sourire permanent ! le taquinais-je, alors que je venais d’enclencher le dernier clip du capot translucide qui protégeait les tubes des insectes et des intempéries.
– Désan-n d’la dinmon ! On va vouère si té ossi for’ avec la pèle é l’pikoi.

Quarante minutes plus tard, le second tube PVC servant à recevoir un des deux poteaux du filet de volley-ball attendait toujours son enfouissement. Sony Blanchard qui était venu de Colombier par ses propres moyens nous donner un coup de main, avait fait presque tout le travail avec l’aide de Claude pendant que je les prenais en photo. Par prévoyance, pour retrouver rapidement l’emplacement, Claude avait pensé à laisser un morceau de grillage avertisseur rouge sous vingt centimètres de sable mélangé aux célèbres coquillages en provenance du port de Gustavia appelé autrefois Carénage. Il n’y avait pas eu de roches à enlever, pas d’effort particulier à faire. Chargé de l’enfouissement des tubes, le plus facile, additionnant pelletées après pelletées enchainées trop rapidement, j’avais la tête qui commençait à tourner sérieusement. Soudain dans l’impossibilité de tenir l’équilibre, je sentais mes jambes me lâcher jusqu’à ce que je tombe les fesses sur le sable.
– Hi hi hi ! L’bouaye é d’ja fatigué. Ya min-m pa fouyé in poto ! s’amusait Sony.
– Sa ki t’arriv’ mou pote ? In boug for’ konme toué ? renchérissait le Capitaine.
– Tu veux bien m’aider à me relever au lieu de te marrer ? m’adressais-je à Claude. J’ai les oreilles qui sifflent, les yeux qui piquent. J’ai du mal à respirer, j’ai la tête qui tourne.
– Sa ki s’pass ? Ta té zieu toute rouje, on diré in lapin ! Té malad’ ?
– Met-moi toutes tes questions par écrit, j’y répondrai tout à l’heure, continuais-je à peller.
– T’inme pa l’sab’ ? Krache dan té min, sa va t’don-né d’la forse !
– Je n’y arrive plus. Je crois que je vais aller faire un somme, j’ai un rêve à terminer.
– Alé, ta prèsk’ fini ! Nan ? Envoye la pèle, m’en vé pélé pou toué.
– C’est bon, je vais y arriver, me reprenais-je. Je me suis juste levé du mauvais pied ce matin, trouvais-je une excuse à cinq centimes de franc.
Je me devais de reboucher complètement ce trou pour ne pas passer pour le tire-au-flanc de service. Claude impassible, me regardait en soupçonnant pourquoi j’avais tant de mal à déplacer cent litres de sable gris, alors qu’habituellement je tenais à bout de bras le marteau-piqueur des heures durant. Allez encore un petit effort… j’y étais presque. Chaque pelleté me demandait une énergie que je ne possédais pas. J’avais le visage de plus en plus chaud, les jambes flageolantes et les bras mous. En prenant de longues respirations et en diminuant la cadence, j’arrivais tant bien que mal à finir la tâche pourtant la moins ardue. Ça devait se voir sur ma figure où des gouttes perlaient sur mon front que j’en avais bavé. Mes deux compères ne disaient plus un mot.
– Alé, moute a bor’, ch’te renmin-n a ta kaze avan k’tu pran son-mèye su l’anse.
Je n’avais su répondre qu’un timide ok, ne comprenant pas ce qui m’arrivait. J’entendais la portière claquer. J’avais prononcé des mots machinalement, sans que je puisse me rappeler ce que je lui avais dit. La Pony me déposait à Anse-des-Lézards, le quartier des reptiles ancestraux. Arriverais-je à me reconnecter à mon rêve ? songeais-je en faisant coulisser la baie vitrée de mon studio de location. J’étais trop fatigué pour me doucher. J’appuyais sur le bouton de la télécommande du climatiseur, enlevais mes Docksides soulevais la moustiquaire et m’affalais sur le lit de ma chambre les pieds sablés dans le vide. J’étais knock-out. Un instant j’entendais les battements de mon cœur taper dans les pavillons de mes oreilles, l’instant d’après je ne les entendais plus. Alors que la fraîcheur électrique soufflée par l’évaporateur atteignait le lit, mon ombre qui n’aimait pas le froid en profitait pour se recoller à mon physique endormi. Mon souffle trouvait son rythme, mon esprit quittait à nouveau son corps d’adoption.
– Leur programme est de liquéfier les appartenances, dissoudre les croyances, gommer les personnalités, effacer les identités des individus, abrutir le peuple avec les jeux télévisés ! Les politiciens sont des catcheurs professionnels au service de l’oligarchie, qui au lieu de lutter avec leurs muscles sur un ring, s’invectivent de verbiages accusatoires dans la tribune sans jamais mettre à terre l’adversaire qui garanti leur existence mutuelle. Ils ne sont là que pour nous divertir par leur fadaises maladroites, nous faire reculer par la frayeur et remplacer la liberté par la sécurité. Ils nous dressent progressivement les uns contre les autres, gang contre gang, parti politique contre parti politique, communauté contre communauté, religion contre religion, couleur de peau contre couleur de peau, genre contre genre. Ils nous effraient de façon cyclique en produisant des menaces artificielles, des véhicules fous, des attentats à la bombe, des guerres civiles ou militaires pour que nous focalisions notre attention uniquement sur la sécurité nationale. Qu’y a t-il de plus important aux yeux du peuple ? entendais-je distinctement ma mère.
– Punaise, ça recommence ! Qui dit ça, le Parti Communiste Français ?
– Ils sont en marche pour détruire la cohésion de la société, créer de la division, fabriquer des ennemis intérieurs pour capter l’attention des populations pour qu’elles se désintéressent de la corruption des gouvernements.
– Tu peux me dire ce que nous faisons sur le toit de ma Brasilia dans le parking de la Compagnie Commerciale du Port Franc ?
– Ce n’est pas mon rêve, c’est toi qui plante le décor !
– Ça ne répond pas à ma question mais c’est bien répliqué. Qui sont ces « ils » ?
– Les mondialistes. Ouvre un peu les yeux, tu ne vois pas le changement arriver ? Ils veulent un homme manipulable, interchangeable et finalement remplaçable à souhait.
– Ça fonctionne sur les hommes de caractère ? essayais-je de rattraper le train en marche.
– Heureusement non. Mais ça fonctionne très bien sur 85% de la population qui finira par être abâtardie. C’est largement suffisant pour réorienter le devenir d’un peuple et ça permet d’identifier les groupes d’éléments contradicteurs à traquer. En particulier leurs chefs qui sont le plus souvent corruptibles ou coupables de quelque chose de répréhensible. Ils traitent les obstructionnistes au cas par cas en commençant par les qualifier de fascistes, nazis ou antisémites en se référant aux organisations antifascistes pour les discréditer. Pour démolir un opposant, il faut constamment lui associer des sobriquets pour qu’à force d’être entendus des centaines de fois, ils deviennent des faits dans l’esprit du public.
– Que cherches-tu à m’apprendre ?
– Comment ils arrivent à démolir l’adversaire avec des mots.
– Si le gars est irréprochable et conserve la faveur du public ?
– Ils lui tendent un piège sexuel avec une star du cinéma communiste pour en faire un scandale médiatique national et ruiner sa carrière. Les médias n’attendent que ça, ils sont en permanence à la recherche de scoops pour faire le meilleur audimat possible.
– S’il ne tombe pas dedans ?
– Ils lui mettent un cadavre dans le placard.
– S’il arrive à démontrer que c’est une machination ?
– Il a une crise cardiaque, un AVC, un accident de la route, un accident d’avion ou un suicide assisté sur mesure.
– S’il est entouré de gardes du corps qui contrôlent ses moyens de déplacement ?
– Il est victime d’un tireur isolé comme ça été le cas pour John Fitzgerald Kennedy en 63.
– Si son remplaçant à le même programme ?
– Il lui arrive la même chose, c’est le cas de Robert Kennedy surnommé Bobby, le frère cadet de John qui s’est lancé dans la course à la Maison Blanche. Curieusement, il avait comme maitresse la même star de cinéma. Il a été assassiné le soir de sa victoire à la primaire de Californie en 68. Il n’y a pas de meilleur exemple.
– Rien ne sert de contrer, c’est ça ?
– Bien que je me sois battue toute ma vie contre le programme des Mondialistes, j’ai préféré m’effacer du terrain d’affrontements verbaux quand j’ai compris le piège qu’on nous tendait. J’ai pris le temps de réfléchir à cet aspect des choses en prenant le parti d’agir en étant à l’intérieur du système pour l’enrayer, plutôt que d’être une cible exposée.
– C’est ce double assassinat des Kennedy qui t’a fait changer d’avis ?
– Il n’y a pas d’autre solution si tu veux rester en vie et servir la cause humaine. Il faut tendre vers le Nouvel Ordre Mondial qui nous permettra d’arrêter de faire la course entre-nous pour accéder au pouvoir suprême. Une fois unifiés, nous parlerons d’une seule voix.
– Rien que ça ! Nous serons aussi contrôlés d’une seule voix par des représentants étatiques qui ne nous veulent pas spécialement du bien s’ils sont sous l’emprise du mal.
– Il nous faut établir un Gouvernement Terrestre Unifié qui récupèrera les armes futuristes fabriquées sur Terre par nos gouvernements pour lutter contre un hypothétique agresseur. Comme ces armes sont en fait destinées à nous éradiquer, nous devons impérativement prendre le contrôle du GTU pour les utiliser contre nos oppresseurs Reptiliens en les éliminant de l’intérieur. Dès que nous serons prêts, nous donneront l’ordre à tous les pays de la planète d’attaquer simultanément nos geôliers. Les Reptiliens ont un point faible, ils ne sont que des centaines de milliers. Une fois détruits par les humains supérieurs en nombre et en armes, nous ferons de nos créateurs Les Nordiques, des alliés pour l’éternité.
– C’est beau. C’est de l’Amour avec un grand « A » comme tu as su m’en donner ?
– Te faire voir que je t’aimais plus que tout t’aurait rendu mou.
– Dommage, ça m’aurait réchauffé le cœur. Il fait frais, tu ne trouves pas ?
– Crois-tu que notre mission nous laisse de la place pour les sentiments ?
– Mission ? Mission ? Quelle mission ! La seconde guerre mondiale est terminée m’an.
– Ah bon ? Parce que tu crois que les Allemands ont perdu la seconde guerre comme le disent les livres d’histoire ! Tu te trompes. Tout n’est que stratégie à ce niveau-là. S’ils l’ont perdu physiquement sur le continent Européen, ils l’ont gagné technologiquement en installant des bases en Argentine et en Antarctique regroupant le plus gros de leurs avancées technologique dès 1942, mais ça je te l’ai déjà dit. C’est l’année de ma naissance où les États-unis entrèrent officiellement en guerre contre l’Empire du Japon après l’attaque de Pearl Harbor qui a eu lieu la veille.
– La vache ! Pearl Harbor, ça a été un vrai massacre, un dimanche matin en plus !
– L’état major averti par les services de renseignements a laissé volontairement détruire la flotte du pacifique pour avoir l’opinion du public de son coté. L’ordre est venu d’en haut.
– Je m’en suis toujours douté. Il fallait un effet de choc indiscutable pour convaincre l’opinion publique, c’est ça ? recommençais-je à entrer dans le sujet, ayant à présent retrouvé la soif d’en savoir plus.
– Vaincre les troupes Allemandes ne serait pas une mince affaire. Il fallait avoir tous les politiques de tous les partis de son coté pour avoir champ libre au niveau des investissements. Le parlement devrait voter d’une seule voix face à des dépenses jamais atteintes, à l’emprunt national pour la création d’immenses usines d’armement lourd et d’hommes à former au combat. Les généraux qui sont des paranos par nature avaient déjà rétabli le service militaire dès 1940 alors que l’Amérique était en temps de paix. Une première dans l’histoire des États-Unis ! Après le Pacifique Sud où ils avaient stoppé la progression des Japonais, les Anglais et les Américains débarquaient en Afrique du Nord.
– Il n’y a pas eu un raid aérien des forces Américaines sur Tokyo avant ça ?
– Je vais vite parce qu’il y en aurait pour des heures si je devais tout détailler. Passons nombre d’évènements moins cruciaux et allons à l’essentiel. L’Opération Paperclip menée par les Américains consista à récupérer la technologie allemande. Tu sais ça ?
– J’en ai entendu parler, comme tout le monde.
– Qu’ils soient nazis de haut rang, scientifiques avérés, militaires Allemand ayant pris connaissance de technologies d’importance ou ayant un quelconque rapport avec la Recherche et le Développement nazi, tous furent emmenés pour interrogatoire dans le plus grand secret au fort Hunt, à dix-huit kilomètres de Washington. Des années plus tard, ces mêmes personnes qui auraient dû être condamnées pour crime contre l’humanité, ont été insérés au plus haut rang dans chacune des structures du pouvoir en place comprenant l’influence médiatique, le système médical, la recherche, l’industrie militaire, l’énergie et le pouvoir politique aussi bien aux États-Unis qu’en Europe. En fait, le projet Paperclip a été mis en œuvre par l’Allemagne nazie qui a fait semblant de perdre la guerre pour prendre le pouvoir des États-Unis de l’intérieur !
– Tu me fais une blague, c’est impossible une chose pareille !
– En 1961, le président sortant Dwight Eisenhower passa le pouvoir à John Fitzgerald Kennedy qui se rendit en Allemagne pour visiter, toujours sous bonne garde, les installations du programme spatial secret de recherche du troisième Reich incluant le phénomène OVNI. A travers ces installations disséminées dans tout l’Occident, il voulait avoir une idée précise de l’importance du réseau d’usines souterraines de construction de fusées et de soucoupes volantes. En tant que chef de la première armée mondiale, il pensait pouvoir surclasser rapidement ce qui avait été l’Avancée Aérienne Allemande, mais la technologie d’accompagnement qu’on lui donna à voir datant de plus d’un quart de siècle défiait encore les croyances ordinaires. Il est utile de souligner que Dwight Eisenhower a tout fait lors de sa dernière allocution télévisée pour que nous prenions conscience que chacun d’entre nous devait être aussi acteur de notre destinée commune :
« … Dans les conseils du gouvernement, nous devons nous prémunir contre toute influence injustifiée, qu’elle ait été ou non sollicitée, exercée par le complexe militaro-industriel. Le risque potentiel d’une désastreuse ascension d’un pouvoir illégitime existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser le poids d’une quelconque conspiration mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques. Nous ne devrions jamais rien considérer comme acquis. Seule une communauté de citoyens prompts à la réaction et bien informés pourra imposer un véritable entrelacement de l’énorme appareil de défense industriel et militaire de la défense avec nos méthodes et nos objectifs pacifiques, afin que la sécurité et la liberté puissent prospérer de concert… »
– Si tu le trouves, tu devrais relire son discours en intégralité.
– Attend, en 61 le problème de Kennedy n’était pas les fusées Russes installées à Cuba ?
– Cuba n’est que de la poudre aux yeux. Toutes les nations sont dans cette course.
– Quelle course, excuse-moi ça m’a échappé !
– La lune ! Comment il faut que je te le dise ?
– Ah bon ! J’ai tout juste alors, pour une fois que j’y étais !
– Officieusement, les Allemands qui sont en avance sur leurs concurrents Anglo-Saxons, Russes et Français sont les premiers a y être parvenus. Tous ceux qui ont bénéficié directement d’une partie de la technologie Allemande y participent officiellement, sauf les Allemands qui n’en éprouvent pas le besoin comme par hasard. Pourquoi crois-tu que Kennedy lance le pharamineux programme Apollo ?
– Pour savoir quel est le premier homme qui va laisser son empreinte de pied sur le sol lunaire afin de lancer une marque de bottes destinée aux skieurs chevronnés pour qu’ils passent des vacances d’hiver en toute sécurité ?
– Pour démontrer la supériorité technologique des américains face aux autres nations.
– Ah ! Je n’étais pas loin, avoue ! On peut dire que tu as de la suite dans les idées.
– Tu n’arriveras ps à me démonter ni à me déconcentrer. Le but du jeu est : qui va prendre le contrôle du globe avec le NOM pour résoudre le problème de domination Reptilienne. Pour cela, il faut être en mesure d’évaluer les forces de l’ennemi et surtout savoir avec précision où il se trouve.
– Sur la face cachée de la lune ?
– Précisément, ils y sont. C’est la nation la plus avancée qui mènera cette mission. L’Allemagne en partie rasée est à rebâtir. Quelle est la démocratie dont on peut prendre facilement le contrôle politique quand on est Allemand, qu’on parle couramment l’anglais et qu’on cherche une industrie flambant neuve sur un territoire anglo-saxon ?
– Les U.S.A ! Ils cultivent les cônes glacés à l’ombre du soleil les E.T ?
– Répond encore une bêtise et je disparais de tes pensées.
– Non ! C’est bon, ça y est, je suis concentré comme le lait en tube. Donc, les Allemands sont infiltrés partout aux USA. Alors la guerre froide c’est eux ?
– La guerre des superpuissances commencée en 47 n’est qu’un leurre pour nous permettre de rattraper notre retard sur les Reptiliens. Je te signale qu’elle est toujours en cours !
– Des trahisons, des conflits, des guerres, des morts, des pleurs. Ils ne pourraient pas changer le programme de temps à autre ? Ils se nourrissent de nos souffrances ou quoi ?
– Certains de la puissance de nos émotions. Mais c’est un autre sujet sur lequel nous reviendrons si nous en avons le temps. Plus il y a de conflits sur Terre, plus nous avançons secrètement au niveau de notre technologie. Comme s’entretuer va dans le sens des Reptiliens, ils ne s’y opposent pas. Cela fait partie des dommages collatéraux.
– Il faut suivre, hein ! La réduction d’abord pour passer ensuite au NOM et contre-attaquer en douce de l’intérieur. Je suis d’accord ! En fait, nous tenons de nos créateurs, nous sommes à leur image. Une fois que nous aurons acquis la puissance qu’il nous manque, nous ferons comme les Reptiliens, mais à notre sauce, ce qui pourrait être encore pire.
– C’est mieux d’être en position de force, crois-moi.
– Alors c’est ça l’enjeu ? La liberté de l’humanité, puis la conquête d’exoplanètes ? Un remake à la Christophe Colomb où la mer devient l’espace interstellaire et les continents des astres à atteindre ? L’enjeu contrairement à la Terre sur laquelle nous tournons en rond depuis des milliers d’années est juste, comment dire… un peu plus grand ?
– Infini ! Tu peux le dire. Mais l’enjeu n’est pas là. Du moins dans l’immédiat. C’est la conclusion à laquelle je suis parvenue. En 1954, sous l’administration de Dwight Eisenhower, le gouvernement fédéral blousa la Constitution américaine en concluant le traité de Grenade avec des entités étrangères. Il était convenu que les extra-terrestres impliqués prendraient quelques vaches pour leurs expériences et testeraient certaines de leurs techniques d’implantation sur divers êtres humains, sans en prendre le contrôle. Les années passant, les aliens ne respectèrent pas le pacte jusqu’à ce qu’ils décident de le rendre caduque. Dès 1955, les U.S.A et l’URSS annoncent la course au satellite artificiel placé sur orbite. En 1957 les Russes lancent les premiers le satellite Spoutnik 1.
– Un satellite de télécommunication ?
– Non. Il ne faisait que bip-bip sur deux fréquences différentes, mais c’est un choc pour l’opinion publique Américaine qui croyait sa technologie supérieure. Les Américains ne peuvent rester sur cet échec, c’est alors qu’en 1958 arrive la NASA qui est le projet d’Eisenhower. « C’est un petit pas pour l’homme, mais un bond de géant pour l’Humanité » dira le cosmonaute Neil Armstrong lors de la mission Apollo 11.
– C’est dingue ! Tu te rappelles de tout ça ?
– C’était ma passion étant gosse. C’est de ma génération. Nous avions des rêves gigantissimes. L’homme allait sur la lune, nous allions pouvoir voyager dans l’espace. J’avais l’espoir qu’un jour je verrais la Terre vu d’en haut jusqu’à ce que je me fasse interpeller par un léger problème technique.
– Toi tu t’intéresse à la technique ? Je ne t’ai jamais vu un tournevis à la main !
– En théorie seulement. La ceinture de Van Hallen est des milliers de fois plus forte que les radiations de Tchernobyl. Elle est notre bouclier de protection contre les vents solaires. Cette magnétosphère commence à 1600 km d’altitude, aucun appareil électronique ne peut continuer à fonctionner avec une telle radioactivité. Comment a t-on fait pour aller sur la Lune avec le programme Apollo ? La capsule avait t-elle un blindage suffisamment élaboré pour rester à l’abri des radiations en protégeant l’électronique embarquée et les cosmonautes ? C’est un mystère. D’autant plus qu’il faut franchir cette barrière terrestre une seconde fois pour revenir sur Terre.
– Tu as trouvé ça toute seule ?
– La ceinture de Van Hallen ? C’était dans ton livre de science naturelles. Officiellement, on peut la traverser, tu trouveras nombre d’articles d’éminents physiciens qui le confirment. Officieusement, c’est un vrai problème. Autre chose étonnante, durant les années qui ont précédé, des hauts responsables nazis comme Wernher Von Braun en 1955 prennent la nationalité Américaine. Curieusement, Von Braun est mis à la tête e la NASA en 58 comme directeur du centre de vol spatial.
– Sans rire ? Les Américains ont placé un allemand à la tête de la recherche spatiale ?
– Ce n’est pas le seul officier allemand à avoir été réintégré dans le système pour prendre le contrôle de l’Europe. Walter Hallstein a été placé à la tête de l’U.E, Adolf Eusinger à la tête de l’OTAN et Kurt Waldheim a la tête de l’ONU. Tu trouves ça normal toi ?
– Non, je ne trouve rien de normal, être assis sur le toit de ma Brasilia n’est pas normal !
– Connais-tu la devise de la CIA à sa création en 1947, deux ans après la fin de la guerre ?
– Non plus ! Je sèche complètement. Je te rends une copie blanche avec un zéro à la clé.
« Et vous connaitrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. »
– Ça te dit quelque-chose ? A qui ce message peut-il bien être adressé alors que cet organisme ne peut embaucher que des américains à qui l’on a officiellement interdit le droit d’enquêter sur les citoyens étasuniens ? Avec une telle organisation de dizaine de millier de personnes capables d’enquêter, découvrir et classifier nombre d’informations sensibles, il était impératif de mettre à sa tête un homme de confiance qui travaillerait avant tout pour les États-Unis tout en cachant la vérité au peuple, n’est-ce pas logique ? Et bien non. On a placé un ancien nazi à la tête de cette agence de renseignement ! Il en a été de même pour le parlement Européen et de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord qui n’a pas hésité à encercler l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, nos alliés, qui ont combattu avec nous les Allemands. In fine, ça donne quoi d’après toi ?
– C’est la troisième, avec la Russie ! lâchais-je stupéfait en gardant la bouche ouverte.
– En fait, ce sont les Allemands qui ont imposé aux Américains l’infiltration de leurs hommes dans les plus hauts poste à responsabilité Étasuniens et Européens. Comment ont-ils obtenu ce résultat ? Je vais te le dire, ça se passe en juillet 52. Des vagues d’OVNIs ultra-lumineux sortis d’on ne sait d’où se déplacent lentement en pleine zone de survol interdite, incluant le Capitole de Washington D.C. où ils ont été photographiés et filmés. Personne ne sait comment ils sont arrivés là. Ces soucoupes sont vues par des milliers de personnes plusieurs week-end d’affilée et disparaissent en un éclair alors que plusieurs radar de la FAA les avaient matérialisé sur leurs écrans avant qu’ils ne disparaissent en un claquement de doigt. Autrement dit, la Maison Blanche située à deux pas était à portée de tir sans aucun moyen de défense. Tous les journaux et les chaines de télévision en ont parlé à l’époque. Ça a fait beaucoup de bruit, tu peux me croire.
– Si j’ai bien compris, les nazis ont actuellement les manettes des U.S.A ?
– Ils les ont à travers ce qu’on appelle l’État Profond, le Deep State. Ceux qui tirent les ficelles depuis toujours. Des accords secrets ont été signés en ce sens.
– Je me demandais lequel d’entre-nous deux perdrait la tête en premier. J’ai la réponse !
– Ton esprit résiste, il ne peut accepter la vérité telle que je te la présente. C’est naturel comme réaction, tu fais tout ce qui est en ton pouvoir pour que le monde tel qu’on te l’a présenté ne s’effondre pas sous tes pieds. Je vais donc te parler de faits, rien que de faits pour que ce ne soit pas contestable. Es-tu prêt à sacrifier ton confort intellectuel ?
– Vas-y, je t’écoute.
– Tu devrais relire le dernier discours public de John Kennedy qu’il a donné le 12 novembre 1963 à l’université de Columbia sur les sociétés secrètes et sa forte intention de s’y opposer, dix jours avant son assassinat. Je n’invente rien, tu pourras le vérifier toi-même.
– Ah non ! Je trouve ça où moi ? Tu crois que je vais dénicher cette information typiquement américaine à la bibliothèque de la Mairie tenue par Françoise Gréaux ? Elle a beau être gentille et serviable, ce n’est pas un agent… Non ! Elle travaille avec toi en sous-marin ?
– Contrairement à ce que tu crois, ce n’est pas une information typiquement américaine, elle s’adresse aux hommes libres du monde entier. Je vais t’en dire juste une phrase pour que tu puisses comprendre la suite de mon raisonnement. John Fitzgerald Kennedy après avoir fait ses salutations à l’assemblée commence par :
« Le simple mot secret est inacceptable dans une société libre et ouverte. Et nous sommes, en tant que peuple, intrinsèquement et historiquement opposés aux sociétés secrètes, aux serments secrets et aux réunions secrètes ».
– Il y va fort en s’attaquant frontalement à la Franc-Maçonnerie !
– Il n’y a pas que la Franc-Maçonnerie d’origine Écossaise qu’il avait en ligne de mire.
– Ah non ? Parce qu’il y en a d’autres ?
– Au Royaume-Uni : le Cambridge Apostles dans son université et l’Ordre Hermétique de l’Aube Dorée supervisée par un certain W.W.W. Aux États-Unis : les Skull & Bones et les Scroll & Key rien qu’à l’Université de Yale. En France : Vandermonde au Conservatoire National des Arts et Métiers. La Bande Noire à l’École Supérieure d’Arts et Métiers et Khômiss à l’École Polytechnique.
– C’est bon ! J’ai l’impression d’avoir déjà entendu ça.
– Tu ne veux pas que je te cite les sociétés secrètes à but criminel ? A but terroriste ? D’auto-justice ? Ou la liste interminable des Chevaliers ? Des Cercles ? Des Fils ? Des Francs ? Des Illuminés de Bavière qui tel le phœnix renait de ses cendres dès qu’ils en ont l’occasion ? Des Ligues ? Des Ordres ? Des Écoles de Pensées ? La liste est interminable et leurs ramifications sont internationales.
– Non, ce n’est pas la peine, je te crois sur parole. Nous sommes complètement dingues. C’est bizarre mais je ne me sens plus en sécurité tout à coup !
– C’est pour cette raison que la liberté se doit d’être défendue comme le voyait J.F.K. en annonçant ces deux phrases :
« Il y a un danger très grave qu’un besoin annoncé de sécurité accrue soit l’opportunité que saisiront ceux soucieux d’étendre leur portée aux limites extrêmes de la dissimulation et de la censure officielle. Voilà ce que je n’ai pas l’intention de laisser faire dans la mesure où j’en ai le pouvoir. »
– Et dire que j’apprenais des récitations idiotes par cœur au lieu de me soucier de ma liberté ! J’ai l’impression d’être écouté par des microphones camouflés dans chaque arbre !
– Un jour prochain, avec le système téléphonique audio-visuel individuel, tout le monde portera involontairement un micro sur lui. L’espionnage des individus deviendra un jeu d’enfant. Il en sera de même pour la propagande diffusée sur ces terminaux. L’hypnose généralisée deviendra possible grâce à l’hypercfocalisation des individus sur leurs portables qui deviendront en un rien de temps un centre d’intérêt permanent, notamment grâce aux divertissements. Sous un climat de peur et de confusion, le contrôle mental de masse se fera en douceur obéissant à la logique inculquée, à une foi aveugle dans le fait que ce qu’on leur a dit au départ est basé sur une vérité partagée par tous. Personne ne se posera alors la question de savoir pourquoi ils font ce qu’ils font, pourquoi ils sont ce qu’ils sont, éloignés de leurs idéaux, si toutefois ils s’en souviennent encore.
– Pas moi. Tant pis pour le sans fil. Je n’ai pas besoin qu’on me surveille, qu’on m’insuffle des pensées immorales, je suis assez grand pour me gérer seul et ne pas faire de bêtises.
– Tu dois découvrir ta mission de vie. Te rendre utile à l’humanité là où tu peux t’exprimer et être entendu tout en sachant que tu n’arriveras pas à convaincre les 85% de gens qui sont sous contrôle de leurs habitudes et de leurs croyances.
– Si les 15% restant le savent, à quoi sert ma mission ?
– Tous ne le savent pas, tout simplement parce qu’ils n’ont pas les tenants et les aboutissants. Cette fraction de la population sent que quelque chose ne tourne pas rond, c’est suffisant pour les mettre en état de réflexion.
– C’est que c’est vaste comme révélation ! Il y a tant à dire !
– Parle de ce que tu sais, de ce que tu maitrises. Remet en cause des faits preuves à l’appui. Ne laisse rien au hasard. Tu peux aussi faire le choix de vivre une vie tranquille et de laisser courir. Mais un jour, comme tous les autres humains, tu seras au pied du mur. C’est inévitable. Tu ne peux pas y échapper.
– Je te connais, tu me dis ça pour me forcer à trouver une solution !
– C’est comme tu veux. Ce n’est pas toi qui te plaît à dire que nous sommes les maitres de notre destinée ? Prouve-le.
– J’ai combien de temps avant que notre liberté soit remise en cause ?
– Treize ans, quinze dans le meilleur des cas. Ça va se jouer au tout début du troisième millénaire. Il va y avoir un évènement inacceptable du genre attaque surprise de Pearl Harbor. S’en suivra une prise de contrôle de tout le Moyen Orient désigné comme coupable. Puis des crises économiques à répétition, une récession comme nous n’en avons jamais connu suivi d’une hyperinflation qui touchera le monde entier.
– L’hyperinflation ? Ça va arriver d’un coup ?
– Non, bien sûr que non ! Ils font bouillir l’eau de la grenouille à petit feu pour qu’elle ne se rende compte de rien. Dans un premier temps, ils mettront en œuvre une technique comparable au nuage de fumée pour masquer la flambée des prix. Dans le même contenant auquel tu es habitué, ils placeront 20% en moins de contenu en n’augmentant le prix que de 5 à 8%. Puis ils feront graduellement monter le prix jusqu’à changer la forme du contenant pour le rendre encore plus attrayant à coup de marketing, quitte à mettre le produit en promo ! Entre ce que tu achetais et ce que tu achètera, il y aura 50% d’écart sans que tu t’en sois rendu compte. Ce n’est qu’à la caisse que tu prendras conscience que quelque chose à changé entre le montant débité sur ta carte bleue et le volume ton caddie. Comme les mâles ne font pas les courses, le temps de réaction à l’hyperinflation sera encore plus lent.
– Mauvaise pioche ! Je fais mes courses moi-même.
– Tu es un cas à part. Tu ne représentes rien dans la balance face aux milliards de femmes.
– Alors c’est une guerre économique déguisée contre le consommateur ?
– C’est surtout un détournement de marchandises vers les silos de réserves stratégiques des pays comme la Suisse qui ont les moyens de sauver leurs élites du chaos. Le risque d’une troisième guerre mondiale ou de tout autre évènement destructeur qui est censé éliminer les deux tiers de l’humanité n’est pas qu’une illusion de l’esprit.
– Une guerre avec des bombes qui vont nous atomiser ?
– La grande majorité des bombes atomiques bien qu’intactes ne fonctionnent plus. Elles ont été rendues inopérantes par les soucoupes Allemandes qui, silo par silo, ont magnétiquement endommagé leurs système de guidage et de décollage tout en rendant la charge explosive inerte, dépourvue de toute radioactivité.
– Alors la puissance dissuasive c’est du bluff maintenant ? On en revient à la lutte au corps à corps, fusil contre fusil, à la guerre des tranchées ?
– Il reste l’arsenal des missiles non radioactifs, les virus et les bactéries.
– Oh ! Pourquoi ne pas avoir fondu toutes les bombes dans la foulée ?
– Réfléchis, les missiles non polluants, ils se les gardent pour leur protection. Il leur reste une dernière guerre à faire, la plus grande jamais orchestrée. Les microbes peuvent tuer des populations entières en laissant les richesses intactes. Ils veulent cette fois-ci réduire l’humanité sans polluer la planète, en prendre le contrôle sans se tuer entre eux et ensuite mettre en esclavage les survivants pour fabriquer le monde technologique du troisième millénaire. La nouvelle stratégie de l’oligarchie n’est plus de se détruire de pays à pays par la force mais de s’unir globalement contre les peuples. Les Anglo-Saxons on déjà trouvé un moyen légal de contrôle financier à moyen terme. Cela nous mènera vers la quatrième révolution industrielle où l’idéologie dominante sera le transhumanisme par les implants.
– D’abord les extra-terrestres qui nous enlèvent pour faire leurs expériences génétiques, maintenant un ennemi intérieur qui veut nous lobotomiser, qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir nous trafiquer le cerveau ? Ils sortent d’où ces transhumanistes ?
– Ils existent depuis la création des sociétés secrètes. Ces humains au services des Dracos ont pour mission de lancer un programme d’implantation au niveau planétaire pour que nous soyons réellement programmables. Ces puces seront capables de superviser la fonction des organes en augmentant leurs capacités pour faire de nous des surhommes ou au contraire en mettant à l’arrêt un organe ciblé comme l’organe reproducteur.
– Quelle chance a t-on de s’en sortir indemne ?
– Le conditionnement réflexe pour survivre au troisième millénaire doit se faire depuis tout petit sans que le sujet s’en aperçoive, ou qu’il soit assez lucide pour accepter la réalité et s’y préparer mentalement en faisant abstraction des facilités qui l’entourent. Mais tu peux oublier ce cas de figure qui statistiquement représente un cas sur un million.
– Tu parles d’une nouvelle ! Quelle nouvelle !
– Le nouveau monde n’autorisera plus la vieillesse qui coûte trop cher au système. Ce monde limitera la vie à un âge déterminé pour ceux qui n’ont pas les moyens de vivre. Ceux qui ont été à la charge de la société toute leur vie, ceux qui n’ont pas prévu que leur retraite non indexée sur le coup de la vie ne leur permettra pas d’avoir une vie descente. La date de limite d’âge terrestre sera de 80 ans. C’est déjà acté. Avec le système actuel, si tu sais compter, dans quelques décennies il faudra travailler jusqu’à 70 ans.
– Il nous restera dix ans de vie d’homme libre à vivre avec peu d’argent, peu d’énergie et les rhumatismes en plus ? Je saisi l’importance de faire attention à sa santé. Merci m’an.
– Ne me remercie pas. Tu seras libre le jour où tu te connaitras toi-même. Libre le jour où l’argent ne fera plus partie des tes préoccupations. Libre le jour où nous aurons enfin accès à la technologie médicale qui nous sauvera de nos souffrances.
– Le ciel t’a emmené sur terre pour me mettre à l’épreuve ! Quelle est ta spécialité au fait ?
– En clair, j’œuvre dans la Septième Section d’Ingénierie Cognitive. Ma spécialité est la mémorisation de données accélérée par programmation du mental réagissant à un stimuli vocal. Ce que je peux faire dans un sens, je suis sensée pouvoir le faire dans l’autre.
– Programmeuse d’agents dormants. Et moi dans tout ça, je suis une de tes expériences ?
– Tu es un échec partiel.
– Très drôle ! Comment ça ?
– Depuis petit, tu as montré une résistance inhabituelle, même quand je te gâtais pour t’amadouer. Tu as un instinct de méfiance hors du commun.
– Tu as le permis de tuer comme l’agent 007 ?
– Ce n’est pas compris dans ma mission initiale, mais j’ai le droit de me défendre.
– Le cas s’est déjà présenté ?
– Oui, je fais ensuite appel au service de déblayage qui fait le ménage.
– C’est fou quand même d’apprendre que sa mère travaille pour les services secrets. Ça n’arrive pas à tout le monde !
– Il y en a plus que ce que tu crois. Vous étiez la couverture idéale, une mère seule avec trois enfants à charge. Le week-end vous étiez chez les grand-parents, ça m’a permis d’être opérationnelle deux jours sur sept. Je vous ai programmé pour que vous soyez résilients avec plus ou moins se succès. Je savais ce à quoi je devais m’attendre. Toi tu t’es retourné contre moi en faisant le contraire de ce que je te disais de faire.
– C’est bien ou ce n’est pas bien ? Est-ce que ça fait de moi un super résistant ?
– Ça m’a fait voit que ton système neural possède des priorités irraisonnées qui sont complètement indépendantes de tes cinq sens. Tu réagis de manière instinctive par détection vibratoire peut-être. A moment donné j’ai cru que tu avais développé un sonar semblable à ceux des dauphins qui leur permettent de communiquer entre eux par télépathie. Plus tard, j’ai compris que le degré d’intégrité de ta structure énergétique te permettait de déjouer bien des stratagèmes psychologiques en te permettant de rester toi-même sans aucune altération possible. Comme ce n’était pas mon domaine de recherche, j’ai demandé à être transférée dans cette spécialité, ce qui a été refusé à cause du cloisonnement des savoirs. C’est l’incohérence du pouvoir hiérarchique dont je dépendais qui m’a mis la puce à l’oreille. Je n’ai pas insisté.
De l’eau. De l’eau de mer. La mer à perte de vue. C’était un élément vital pour moi. Comme j’en avais envie pour me laver l’esprit ! Je me voyais nager avec joie et grâce au cœur de l’océan, libre comme un dauphin. Quel régal de pouvoir faire ce que l’on voulait se son corps sculpté pour vivre dans l’élément liquide ! Nager en pleine mer avec son clan, surfer sur les vagues, sauter en l’air pour épater la famille, plonger en groupe, remonter pour prendre une bouffée d’air, faire rire ses frères et sœurs en faisant des acrobaties toujours plus acrobatiques sans ce soucier des vicissitudes terrestres !
– J’aurais voulu être un dauphin, confiais-je à ma mère, atteint par la contrariété.
– Un mammifère marin qui est à la merci des attaques d’orques et de requins ? Un poisson qui se fait régulièrement prendre dans les filets de pêche des hommes pour finir dans des boites de thon à prix réduit dans les supermarchés ?
– Lutin ! Ce n’est pas croyable, on n’est tranquille nulle part !
– La question que tu dois te poser est : as-tu l’âme d’un résistant ?
– Il est trop tôt pour que je puisse te donner une réponse. Je n’ai pas encore digéré le dixième de ce que tu m’as dit. Est-ce que je fuirais face à l’ennemi si j’étais désarmé ? Si j’en avais la possibilité, certainement. Est-ce que je l’affronterai à armes égales ? Ça reste à voir, tout dépend de la stratégie établie qui nous placerai en position de force, je ne suis pas suicidaire. Serai-je capable d’attaquer l’ennemi ? C’est probable, si c’était réfléchi. J’ai du mal à admettre cet aperçu de notre futur, pardon, de notre présent parallèle. J’imagine qu’on ne peut pas se laisser détruire sans rien faire en sachant que l’ennemi est prêt à nous attaquer ?
– Qu’est-ce que tu crois ? Pour Pearl harbor, l’état major savait.
– Pour quelle raison l’état major américain aurait-il laissé détruire sa flotte Hawaïenne ?
– Un : même si elles ne seront prêtes qu’en juillet 45, avoir en finalité la permission du congrès d’envoyer deux bombes nucléaires sur le Japon sans que personne ne s’y oppose. Deux : il leur fallait une vraie raison pour entrer en guerre avec les Allemands avec qui ils commerçaient depuis le début de la seconde guerre en se faisant payer en lingots d’or. Une grosse partie des lingots nazis qui servaient de monnaie d’échange provenaient des biens saisis aux Juifs, ainsi que leurs couronnes dentaires. Tu trouves ça sidérant ? C’est la réalité mon fils, ne ferme pas les yeux sur l’histoire des peuples. Même si c’est dur à entendre, tu dois le savoir pour être prêt le jour où le quatrième Reich prendra le pouvoir avec le Nouvel Ordre Mondial. Ce n’est qu’une affaire de décennies. Le programme a débuté il y a bien longtemps déjà avec le Saint Empire Romain Germanique en 962. Le premier Reich si tu préfères.
– Ah d’accord. C’était déjà eux au premier millénaire !
– Tu as mis de doigt dessus. Fait attention c’est chaud.
– Je comprends à présent pourquoi je n’ai jamais aimé l’histoire. C’est trop tordu pour moi. Je préfère de loin l’énigme des crop circles qui apparaissent un peu partout dans le monde.
– C’est bien dommage. Oublie les cercles de culture qui ne sont que des farces géométriques niveau CP faites par des esprits facétieux en manque de reconnaissance. Si tu ne connais pas l’histoire des peuples Européens sur le bout des doigts, tu ne pourras pas comprendre les plans à longue échéance qui se déroulent en ce moment. Tu ne pourras pas non plus entrevoir ceux qui arrivent et encore moins les contrer, ou tout du moins, t’y préparer pour ne pas être pris au dépourvu alors que tu avais l’illusion de vivre dans un Paradis, même si cela semble être le cas en ce moment.
– J’étais persuadé que c’était de l’histoire ancienne moi, que nous étions en temps de paix !
– Tu as lu 1984 de Georges Orwell ?
– Non, je ne l’ai pas lu celui-là. En 84 je bossais avec Frédéric Fizelson, je fabriquais des sonos du tonnerre pour discothèques psychédéliques.
– Ce livre que tu devrais lire a été écrit en 59 ! 1984 c’est le titre. J’avais dix-sept ans quand j’ai lu cet ouvrage où George Orwell décrivait avec clairvoyance une société basée sur l’ignorance du peuple. Un monde totalitaire à l’extrême où la violence et le mensonge prévalaient. Un univers dystopique où la croyance passait avant la vérité.
– Ça fait longtemps que je ne crois plus au Père Noël. Et puis Georges s’est gouré. Nous ne vivons pas dans un système totalitaire à Saint-Barth.
– Doux rêveur ! La moitié des pays de cette planète sont en rivalité économique ou militaire envers leurs voisins frontaliers. Les États-Unis d’Amérique sont capables de mener plusieurs guerres à la fois et ils ont eu le temps d’analyser les erreurs qu’ils ont commises au Vietnam pour ne plus en faire une seule. Tu crois qu’ils ne jouent qu’aux dames au Pentagone ? La prochaine guerre au Moyen Orient sera éclair et cataclysmique pour l’ennemi désigné.
– Les U.S vont entrer en guerre contre qui ?
– Il y a trois ans en 84, c’était le Liban, ça ne t’a pas échappé ? L’an dernier c’était la Libye.
– Ne me parle pas de cette année 86. Une vraie catastrophe. Balavoine meurt dans un accident d’hélicoptère, la navette spatiale Challenger explose à 14 km d’altitude en tuant les sept cosmonautes, la centrale nucléaire de Tchernobyl nous fait une crise de nerfs en polluant toute la planète avec des nuages radioactifs qui heureusement évitent de justesse la France en longeant la frontière, et Coluche se tue à moto fauché par un camion qui lui coupe la route. Une année catastrophique ! Ça ne donne pas envie d’avoir la télé.
– Tu oublies un évènement d’importance pour la résistance. Cette année-là a été le centenaire de la Statue de la Liberté éclairant le monde.
– Sans rire, la Statue de la Liberté est centenaire ?
– Quelle question ! Je vois que tu ne sais rien sur ce monument emblématique construit sur Liberty Island au Sud de Manhatan. C’est un cadeau du peuple Français aux Américains en signe d’amitié. Elle a été inaugurée avec dix ans de retard en pour le centenaire de la Déclaration d’Indépendance en présence du président Grover Cleveland. Son regard fait face à son homologue française. Elle représente la liberté et l’émancipation vis-à-vis de l’oppression. Elle se tient debout au milieu de manilles et de chaînes brisées, symbolisant la fin de la servitude. C’est mon modèle de pensée, je porte en moi sa flamme.
– Tu es une véritable encyclopédie ma parole !
– Contrairement à toi, j’ai dévoré mes livres d’histoire. Je peux reprendre ?
– Oui, tu en étais à la Libye. C’est drôle que les Américains attaquent les Libyens un an après la sortie de Retour Vers le Futur ! Est-ce qu’Hollywood prépare les esprits ?
– Cette année c’est l’Iran. Le prochain sur la liste c’est Saddam Hussen avec l’Irak.
– Le pétrole. C’est ça ?
– L’énergie est la clé du monde moderne. Sans énergie, pas d’électricité, pas de voitures, pas d’avions. Tu ne vas nulle part sans planifier au préalable ton voyage des semaines, voir des mois à l’avance si tu optes pour le transport maritime à la voile. Pire, en dehors des tropiques du Cancer et du Capricorne qui peuvent se passer d’énergie pour vivre, il n’est pas aisé de se développer hors du climat équatorial. Le froid est un obstacle de taille. Tu ne peux survivre dans les régions arctiques si tu n’es pas né Eskimo. Tu as déjà vu un building en Alaska chez les Inuits ? Une industrie quelconque ? Comme personne ne désire faire un retour en arrière de deux siècles, on donne une bonne raison aux peuples de sacrifier leurs enfants qui partent en chantant, la fleur au canon, en ayant pour objectif de sauver la patrie d’un ennemi désigné. Même s’il rechigne, c’est toujours le peuple qui contribue par l’impôt toujours croissant à l’effort de guerre. Plus la pilule est grosse à avaler, plus il devient évident pour la populace qu’il faut lutter de façon impitoyable contre le monstre que les médias leur ont présenté, forcément responsable de leurs malheurs.
– Je ne veux pas savoir ça ! Je ne veux pas faire la guerre ! Je ne veux pas jouer à ce jeu là !
– Bien ! Au moins tu sais ce que tu veux.
– Il y a intérêt ! Je ne veux pas de télé non plus, pas de journal du vingt heures.
– Met ça dans un coin de ta tête et ne perd pas de vue que tu marches sur des œufs.
– Marcher sur des œufs est un exercice perdu d’avance pour un néophyte comme moi.
– Je ne te le fais pas dire. Je suis heureuse que tu t’en rendes compte tout seul, s’arrêtait-elle un bref instant pour rassembler ses idées en me regardant fixement, comme si elle cherchait à entrer dans mon cerveau pour découvrir le fond de mes pensées.
– Les gens confortablement assis dans leur quotidien ne veulent surtout pas entendre la réalité telle quelle existe. C’est criant d’évidence ! Par leur négligence envers eux-mêmes et par leur indifférence aux autres peuples, leur prise de conscience sur les sujets brûlants ne peut durer qu’une fraction de seconde, de sorte qu’ils sont en permanence aveugles à la réalité. A partir de leur propres peurs, ils se sont réfugiés individuellement dans une bulle de confort, préférant vivre dans une carapace de déni sensée les éloigner le plus possible de la vérité qui fait peine à voir. Qui se souvient du gazoduc russe transsibérien saboté par la CIA en janvier 1982 pour empêcher les soviétiques d’approvisionner en énergie les européens ? Personne ! Est-ce qu’ignorer la réalité l’empêche d’exister ? Non ! Est-ce que les prières ont le pouvoir d’arrêter les guerres ? Bien sûr que non. Alors, faute d’avoir fait l’effort intellectuel minimum, les gens qui subissent ce qu’ils n’ont pas voulu voir et comprendre, râlent. Ils pestent. Ils manifestent. Ils militent contre les luttes armées parce qu’ils ne sont pas satisfaits de leurs sorts. Mais ils finissent par se plier aux injonctions de l’État, mère de la nation, qui oriente le peuple sur de faux problèmes en faisant diversion. Le plus triste, c’est que le peuple se fait avoir à chaque fois !
De gré ou de force, les gens repartent travailler parce qu’ils pensent ne pas avoir ce choix. Charlie Chaplin l’a admirablement mis en images avec son film « Les Temps Modernes » diffusé sur grand écran en 1936. Ils sont contraints de nourrir leur enfants, payer leurs factures, leurs taxes, entretenir leurs biens et partir en vacances s’ils en ont encore les moyens. Nombre d’esprits résistent de toutes leurs forces à la réalité du système en place, n’ayant pas la faculté de pouvoir l’observer d’en haut. La majorité des gens sont tellement accrocs au système qui offre des milliers de plaisirs de toute sorte, qu’ils n’ont aucune envie d’en sortir. Ils seraient capables de se battre jusqu’à la mort pour le protéger. N’est-ce pas un non sens ? Ils ne voient que la réalité qu’ils se sont construits eux-mêmes. Ils ne peuvent choisir le monde libre, parce qu’ils s’autocensurent dès qu’ils ont peur d’être exclus du cercle familial ou du groupe de personnes qui les entourent. Ces gens ne veulent aucun bouleversement dans leurs vies, parce qu’ils sont habituées à obéir au système. Habituées à ce que ces autorités savantes pour qui ils ont voté, s’étant présentées comme bienveillantes et protectrices, prennent les décisions à leur place.
Changer de politique, changer de système, changer la manière de se comporter, changer volontairement ses valeurs n’est pas à la portée du peuple. L’éveil des consciences n’est pas pour tout de suite, tout simplement parce qu’on nous a inculqué la peur du changement. Demande-leur de réformer les phénomènes sociaux tels que la langue, la religion, la politique, l’esthétique, la morale, l’alimentation, la science, la technologie ! Tu vas te heurter de plein fouet à un mur en acier trempé. Le changement ne peut se faire sans un choc colossal où il n’y aura alors plus de choix à faire, mais un comportement à adopter imposé par la venue d’un évènementiel majeur supervisé par l’autorité étatique. C’est comme ça. L’homme est prêt à oublier ses malheurs seulement si l’avenir idéologique de son pays est menacé. L’histoire est un éternel recommencement.
– Je suis saoul de tes paroles, tes mots rebondissent dans ma boite crânienne à n’en plus finir ! Si je t’ai bien suivi, le peuple est capable de descendre dans la rue, de manifester pour protéger sa façon de vivre, son pouvoir d’achat et sa retraite en prenant le risque de prendre des mauvais coups par les CRS alors qu’il sait que l’oligarchie ne lui enverra que des miettes, et dans le même temps, il serait prêt à faire la guerre à son voisin pour protéger cette même oligarchie qui n’a eu cesse de le mépriser en lui faisant perdre petit à petit ses acquis, et pour finir ses droits élémentaires sous prétexte de préserver la paix, l’environnement ou la santé ! Tu crois vraiment que ça va fonctionner ?
– Le stratagème a marché des milliers de fois par le passé, ça marche toujours aujourd’hui et ça marchera encore demain. Aldous Huxley le confirme avec cette citation :
« La philosophie nous enseigne à douter de ce qui nous paraît évident, la propagande au contraire, nous enseigne à accepter pour évident ce dont il serait raisonnable de douter. »
– J’aurais aimé pondre une telle phrase, c’est fichtrement bien réfléchi !
– Tu as tort de sous-estimer le pouvoir de la pensée. Les idées sont les armes les plus puissantes qui soient pour retourner l’opinion publique. Si les techniques de propagande de 1914 ont consisté à faire adhérer le peuple américain à la guerre sans remettre en cause les principes démocratiques, il était donc possible pour les industriels de faire adhérer la classe ouvrière au modèle de société qu’elle a toujours rejeté : le capitalisme.
– Ça plutôt bien fonctionné !
– La psychologie est un excellent outil pour évaluer le comportement humain. Adolphe Hitler l’a largement utilisé sur son état major et sur son peuple pour faire passer les idées nazies avec succès. Aujourd’hui la propagande est le seul véritable outil de manipulation de l’opinion publique. On ne contrôle pas la foule par la force, mais par la fabrication du consentement. C’est tout l’art de manipuler des foules en démocratie. On influence le peuple pour qu’il prenne la décision que l’on attend de lui, ainsi il soutiendra activement les politiques qui iront à court ou à moyen terme, à l’encontre de ses propres intérêts.
– Il doit en falloir des nuages de fumée !
– Toutes les techniques sont bonnes. Pénuries alimentaires, inflation, crises à répétition, épidémies, catastrophes climatiques… En pointant le doigt sur un responsable, si ce n’est le peuple lui-même, on mène l’opinion publique là où on veut qu’elle aille.
– Encore et toujours manipulés par les politiciens complices du système ?
– Il ne peut en être autrement. Le capitalisme a vendu au peuple l’idée qu’acheter lui rendrait la vie meilleure, c’est le début de la société de consommation. Le consommateur ne réagit plus par besoin mais par envie. Il sont mêmes allés jusqu’à utiliser les médecins qui ont conclu par une étude qu’il fallait manger le matin un petit déjeuner copieux. Le fameux « beacon & eggs » qui s’est répandu sur toute la planète. En fait, c’était juste pour enrichir le plus gros producteur de beacon des États-Unis. Tu vois où je veux en venir ?
– Non, pas vraiment !
– Tu as croisé beaucoup de philosophes dans ta vie ?
– Très peu à vrai dire, juste un. Tu en sais quelque chose, ce n’est pas ce genre de personne que l’on croise dans les ateliers de F1 ! Et dire que je trouvais la philosophie inintéressante au point de choisir la branche technique. A présent j’adore cette discipline qui m’aère le cerveau en encourageant la pensée critique.
– La philosophie est une discipline complète mon cher, elle couvre la critique des sciences, la rationalité de l’être, la logique, l’analyse, l’éthique et la morale. Toutes entrent en ligne de compte. Toutes s’interconnectent. Selon Friedrich Nietzsche, le monde se divise en deux catégories de personnes : la première catégorie qui ne suit que sa propre volonté, alors que la seconde catégorie se calque sur la volonté des autres. La première est suffisamment forte pour ne pas se laisser gouverner, tandis que la seconde est faible et se contente de reproduire ce que les autres font et disent. Si cela peut te rassurer, nous sommes actuellement tous soumis au même courant de pensée. Individuellement, nous finissons par accepter les idées de la majorité, elle-même influencée par la propagande médiatique. Les êtres humains ont été programmés ainsi, ils ont besoin d’un maître pour vivre, et d’une idéologie pour survivre.
– Je t’envie. Où est-ce que tu as puisé tout ce savoir ?
– J’ai fait mes études au Lycée Albert Premier de Monaco, qu’est-ce que tu crois ! J’y ai même suivi des cours d’expression, d’élocution et de maintien. Les gosses d’aujourd’hui ne savent plus s’exprimer. Articuler en enchaînant une suite de phrases compréhensibles tient de l’exploit. Je ne te parle même pas des postures à avoir pour apparaître comme un être accompli en société. La façon de se tenir, de marcher, d’évoluer est aussi importante que le soin que tu apportes à ta tenue vestimentaire. C’est un tout. Tiens-toi droit !
– Ah voilà, je me disais aussi ! Il vient de là ce petit coté précieux qui fait tout ton charme.
– Ne dis pas n’importe quoi, tu ne sais rien de moi. J’étais folle de rage contre le système en place qui nous inculquait ce que nous devions penser. Ce système patriarcal qui voulait faire de nous à la fois des femmes savantes et des ménagères modèles au foyer ! Devais-je me soumettre à cet enseignement autoritaire qui nous imposait de devenir les esclaves distinguées de nos époux ? De la vapeur me sortait par les oreilles tant je bouillais de l’intérieur ! J’avais des idées progressistes, avant-gardistes, mentalement je ne pouvais pas me plier comme toutes les autres l’on fait par manque d’individualité. Il m’était inconcevable qu’on m’enlève ma liberté en programmant par avance mon futur.
– Je m’en étais aperçu, tu n’as plus besoin de me convaincre. Pour résumer, quoi qu’il arrive, le système est en marche pour formater 85% du peuple à sa guise, c’est bien ça ?
– John Fitzgérald Kennedy avait pris la défense des américains en 63. C’était un jusqu’au-boutiste, personne n’avait sa diatribe. Il avait une volonté de fer et le peuple l’aurait suivi quoi qu’il arrive. Il lui aurait même pardonné sa liaison avec Marylin Monroe dont la tenue théâtrale et le sexappeal attirait à elle tous les hommes qu’elle désirait.
– Ça fout les jetons quand même.
– Qu’est-ce qui te fait peur ?
– Il fait de plus en plus frais, tu ne trouves pas ? Je commence à me geler !
– Je te vois venir avec tes grands sabots, n’essaie pas de me glisser entre les doigts ! Te comporter comme un couard ne fera qu’accélérer ton horloge interne proportionnellement à ce que tu ressens. Tu vieilliras plus vite que la normale et tu quitteras ton enveloppe terrestre prématurément. Si tu décides de combattre, ce sera l’exact opposé. Tu ralentiras ton horloge interne au point de voir partir les autres avant toi.
– Choix difficile. Ne peut-on rester soi-même ? Hatscha ! éternuais-je. Excuse-moi.
– Pas après avoir été initié.
– Pouce ! Je demande l’asile politique Suisse protégée par l’Ordre des Templiers.
– Tu ne sortiras pas indemne de cette leçon, tu devras choisir un camp.
– Le tien ! Tu es mon modèle de pensée m’an, lui faisais-je voir mes deux pouces levés.
– N’oublie jamais ce que tu viens de dire, ça bouleversera ton futur de façon irrémédiable. Dans l’état d’urgence, peu de gens seront capables de garder la tête froide face à un evènement majeur. Peu d’individus prendrons le temps de s’informer et d’analyser une situation particulière sans être administré par la peur. Comme personne ne s’est préparé d’avance à un choc psychologique d’ampleur, tétanisé, le peuple exécutera tout ce qu’on lui dira de faire et emmagasinera tout ce qu’on lui fera croire sans qu’il n’ait une once de bon sens collectif. Sous l’égide du pouvoir médiatique, le peuple s’agenouillera. C’est à cet instant précis que ce déclenchera le mode de pensée libre des résistants. Avoir le courage de faire face aux discriminations, aux dénonciations, aux trahisons et aux humiliations de la part de nos proches sera une mise à l’épreuve. Mais l’exclusion sociale forge la personnalité et la capacité critique tempe les héros, n’est-ce pas ?
– Qu’est-ce que j’ai dit ? Comment sort-on de ce rêve ? Allo ? Où est la porte de sortie ?
– Tu as provoqué ça tout seul Marc-Éric, souviens-t’en.
– Hatschaaa !
Sous l’été permanent du Nord de l’arc Antillais, se mettait à tomber de petits grêlons sur le capot de ma Brasilia. Les morceaux de glace rebondissaient au contact de la tôle et du sol du parking désert de la Compagnie Commerciale du Port Franc dans un fracas surprenant. L’image de ma mère avait disparue. J’avais soudainement froid dans le dos au point d’ouvrir les yeux et sortir momentanément de mon rêve que je n’aurai jamais pensé être prémonitoire. J’étais glacé. Je soulevais la moustiquaire, la faisais passer au-dessus de ma tête bouillante, allumais la lampe de chevet. Je me levais en chancelant, évitais de marcher sur les découpages de photos de magasines restés au sol, fermais les vantaux des fenêtres, coupait le clim. J’ouvrais l’armoire basse, enfilais un jeans, un tee-shirt supplémentaire, un pull-over, récupérais le couvre-lit rouge lie-de-vin que je n’avais jamais utilisé jusqu’ici, me retournais vers le lit. Je soulevais à nouveau la moustiquaire et me recouchais en me laissant tomber comme une masse. J’avais toujours cette sensation de froid dans tout le corps. Dehors, il pleuvait à torrent. Les rafales de vent giflaient les fenêtres de centaines de gouttes d’eau qui venaient se pulvériser sur les vitres ruisselantes.
Avant de replonger dans les bras de Morphée, je me couvrais maladroitement de mon drap et du couvre lit déplié que je rabattais pour en faire deux épaisseurs. Je me recroquevillais en position fœtale et malgré mes deux tee-shirts, mon pull, mon drap et les deux épaisseurs de couvre-lit, je grelotais en claquant des dents comme s’il faisait quinze degré au dessous de zéro. Jamais de ma vie je n’avais eu aussi froid. Qu’est-ce qu’il pouvait bien m’arriver ? A quoi jouait ma glande thyroïde sensée réguler ma chaleur corporelle ? Était-elle en panne de production d’hormones ou étais-je entrain de devenir dingue, seul dans mon studio d’Anse-des-Lézards ?
A suivre…
Rédigé le 25 avril 2022
Texte et dialogue Marc-Éric
Traduction Patois : Marc-Éric
Correction Patois : Caroline
Quelle histoire ! Ca rend dingue à ce point-là la dengue ? :laughing:
En effet Romu, quelle histoire ! 😉